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Critique Agatha All Along : une sorcière toujours bien aimée

Pour faire un spin-off à la hauteur de WandaVision, Marvel n’a besoin que d’un peu de magie et d’une sorcière des plus charismatiques. Critique.

Trois ans après la réussite de WandaVision sur Disney+, un retour à Westview s’impose avec Agatha All Along. L’antagoniste de la série originale a tant marqué les esprits que Marvel s’est décidé à lui offrir son propre spin-off. Après un plot twist parfaitement maîtrisé – qui s’accompagnait d’une bande-son emblématique – l’adorable voisine Agnès s’était révélée n’être qu’Agatha Harkness, figure emblématique de la sorcellerie dans les comics. Plus qu’une simple antagoniste dans WandaVision, Agatha s’impose comme une figure à part entière, un personnage complexe dont l’aura de mystère persiste jusqu’au dernier épisode. Les spectateurs en redemandent, et ça tombe bien. Marvel n’a pas prévu de les laisser sur leur faim.

La série Agatha All Along fait la promesse de poursuivre l’histoire du personnage là où elle s’est arrêtée. Enfermée dans une prison mentale par Wanda, la puissante sorcière est maintenant persuadée d’être Agnès et de n’avoir que cette identité. Dans la série comme dans la vraie vie, trois ans ont passé depuis le dénouement de WandaVision, et rien n’a changé. Mais la sorcière amnésique s’apprête à se libérer de ces chaînes magiques grâce à un mystérieux garçon qui a désespérément besoin de ses talents occultes.

Pour l’antagoniste, c’est un tout nouveau parcours qui débute. Agatha va devoir revoir ses méthodes et ses fréquentations si elle souhaite véritablement retrouver les pouvoirs que Wanda lui a volés. C’est avec ces prémices que Marvel nous offre l’une de ses créations les plus atypiques à ce jour, où magie et mystère prennent le dessus sur l’habituelle surenchère propre aux super héros.

Dans l’ombre de Wanda… ou pas

Dans la série originale, Agnès n’est rien de plus qu’un amusant personnage secondaire, camouflé dans l’ombre de Scarlet Witch, et cantonnée à une sympathique figuration jusqu’au dénouement final. Il n’a pourtant fallu que quelques épisodes pour instaurer Agatha comme l’un des antagonistes les plus iconiques de tout le MCU. Si son caractère bien trempé et sa musique décalée ont certainement joué un rôle dans le culte que les spectateurs lui ont porté, Miss Harkness n’en reste pas moins passionnante.

Cette série a donc pour lourde tâche d’établir Agatha comme un personnage capable de briller d’elle-même. Dans les trois ans qui séparent ce spin-off de la série originale, le MCU a perdu ses lettres de noblesse et manque désespérément de nouvelles icônes capables de porter cet univers cinématographique sur leurs épaules. Mais Agatha est-elle vraiment une figure adaptée pour cet objectif ? Sur papier glacé, la sorcière apparaît dans les histoires des autres, sans profiter de son propre moment de gloire. Marvel avait donc le champ libre pour adapter le personnage comme bon lui semble afin d’en faire une version plus marquante que dans les comics.

Agatha All Along Groupe 1
© Marvel

Représenter Agatha comme une antagoniste dans WandaVision était un premier changement de direction – car la sorcière est l’alliée des héros dans les comics, rappelons-le – mais Agatha All Along est un projet d’une toute autre envergure. Après quatre épisodes, les intentions du studio semblent claires. Agatha All Along tente de s’inscrire dans la nouvelle direction du Marvel Cinematic Universe, où l’originalité et la prise de risque ont vocation à effacer ces dernières années de médiocrité. Après un premier épisode encore imprégné de l’ambiance propre à WandaVision, Agatha prend son envol pour tenter de briser la redondance du MCU à grands coups de magie et d’insolence.

Une Ode à la sorcellerie

Avec Agatha All Along, la Maison des Idées parvient à nous proposer un cocktail aux ingrédients pour le moins surprenants. C’est avec adresse que la série arrive à manier humour, mystère et magie à la perfection. Une fois de plus, Kathryn Hanh nous livre une performance marquante, tel un véritable caméléon capable de changer de casquette d’une scène à l’autre. Au fil des épisodes, Agatha nous révèle des facettes toujours plus complexes de sa personnalité, faisant d’elle la sorcière torturée que tout le monde attendait. Mais mieux encore, ce programme s’efforce d’aborder les sorcières et l’occulte de façons inattendues pour une production Marvel. Après nous avoir gavé d’explosions et d’effets spéciaux jusqu’à plus soif, le studio s’essaye enfin à quelque chose de différent. Cette fois-ci, la magie prend des proportions plus folkloriques, où mythes, légendes et éléments historiques permettent d’ancrer la sorcellerie du MCU dans des notions déjà connues des spectateurs. Pas de Kamar-Taj ou de Doctor Strange en vue : la série puise directement dans la culture de Salem.

Agatha All Along Pouvoirs Perdus
© Marvel

Puisque Agatha a perdu l’essentiel de ses pouvoirs suite à son affrontement contre Wanda, la sorcière n’a plus qu’une seule solution pour retrouver sa gloire : s’aventurer sur la Route des Sorcières. Ce nouvel élément de lore est d’une importance capitale, puisqu’il est déclencheur du scénario et représente également le fil rouge reliant Agatha au nouveau protagoniste : Teen. Cet adolescent apprenti sorcier est parvenu à libérer Agatha du sort de Wanda, une prouesse loin d’être altruiste puisqu’il cherche à se faire escorter par la sorcière de renom afin d’explorer la fameuse route en toute sécurité. Réelle pour certains, légendaire pour d’autres, la Route des Sorcières est capable d’offrir à chacun ce dont il a le plus besoin, à condition d’y survivre.

Et c’est grâce à ce lieu mystique sorti de nulle part qu’Agatha All Along parvient à construire un puissant mystère en seulement quelques épisodes. Si l’on sait que notre sorcière principale cherche à s’y aventurer pour obtenir de puissants pouvoirs magiques, comme elle l’a déjà fait autrefois, personne ne connaît les motivations de Teen. Ce nouveau personnage incarné par Joe Locke (révélé dans la série Heartstopper sur Netflix) est essentiel à la dynamique de la série. Outre sa personnalité solaire en totale opposition avec celle d’Agatha, tout semble s’articuler autour de son identité et de sa quête.

Agatha Joe Locke Teen
© Marvel

Protégé par un sort, Teen est incapable de révéler son prénom et d’autres détails personnels le concernant. Qui est-il vraiment et qui est à l’origine de cette barrière magique ? Comment connaît-il Agatha ? Pourquoi la sorcière décide instinctivement de l’aider ? À chaque épisode, le mystère s’épaissit et le périple sur la Route des Sorcières nous maintient en haleine. Mais malgré ces excellentes bases, il arrive parfois que la magie d’Agatha All Along vacille et fasse apparaître des défauts que l’on ne peut ignorer.

Une magie qui opère souvent, mais pas tout le temps

Dans les épisodes que nous avons pu voir, Agatha All Along apparaît comme une série plus modeste, qui tente de créer une ambiance forte sans excès de fioritures. En évitant le surplus d’effets spéciaux, le programme s’affranchit de visuels pouvant faire tâche, mais l’ensemble en ressort bien moins grandiose qu’à l’accoutumée. Si cette décision de la part des équipes créatives est loin d’être un point négatif, ce changement d’approche risque de déstabiliser certains spectateurs qui pourraient l’interpréter comme un manque de conviction et de budget. Fort heureusement, la direction artistique léchée propre à WandaVision fait son retour et permet de transformer des environnements les plus simples (tels qu’une maison côtière ou un studio d’enregistrement) en véritables pépites visuelles. On regrettera toutefois le manque d’une bande-son tout aussi iconique. À l’exception de la chanson The Balad of the Witches’ Road que les sorcières interprètent à plusieurs reprises (et qui pourrait bien rencontrer le même succès que le thème d’Agatha dans WandaVision), l’ambiance musicale n’a rien de véritablement marquant.

Agatha All Along Groupe 2 Peur
© Marvel

Hélas, c’est avant tout du côté de l’écriture qu’Agatha All Along a tendance à souffrir. Si nous n’avons rien à redire à l’univers et aux mystères créés de toute pièce pour cette série, quelques facilités scénaristiques et certains dialogues n’ont pas manqué de retenir notre attention pour les mauvaises raisons. L’exemple le plus flagrant est assurément la rencontre entre les nombreux personnages de la série. Pour ouvrir la voie de la Route des Sorcières, Agatha a besoin de former un clan composé de sorcières aux spécialités distinctes. Pour éviter aux personnages de se lancer dans une recherche qui risquerait de s’éterniser, Marvel se contente d’instaurer une règle tirée par les cheveux, selon laquelle les sorcières vivent toutes à moins de quelques kilomètres les unes des autres, instinctivement. En quelques minutes d’un épisode, Agatha parvient alors à trouver toutes sortes d’alliées, dont certaines qu’on croirait tout droit sorties du chapeau. Comme c’est pratique.

Agatha Patti Lupone Haute Qualité
© Marvel

Fort heureusement, le casting des membres du clan est si efficace qu’on parvient rapidement à pardonner ce manque de considération pour le world building de la série. Mention spéciale pour l’illustre Patti Lupone dont le rôle est aussi extravagant que ses meilleures performances à Broadway et qui semble avoir des implications toutes particulières pour la suite du scénario. Entourée de toutes ces actrices surprenantes, Kathryn Hahn parvient tout de même à faire d’Agatha une leader à la poigne de fer et à l’insolence parfaitement dosée, si bien que l’on adore la détester. Il est toutefois regrettable que la parfaite dynamique entre Agatha et les Sorcières ne soit pas réciproque avec Teen.

Agatha All Along Leader
© Marvel

Les interactions entre Teen et Agatha sont globalement efficaces et participent au mystère qui les entoure, mais les interventions de l’adolescent lors des décisions de groupe sont d’une catastrophe sans nom. C’est à croire que pour écrire un jeune personnage timide et ouvertement queer, les scénaristes se sont contentés d’aller chercher des punchlines sur TikTok et dans les épisodes de RuPaul’s Drag Race, avant de lancer le tout dans une IA générative. Malheureusement pour Joe Locke, les spectateurs auront l’impression de découvrir une version plus piquante de son Charlie de Heartstopper, et rien de plus. L’acteur risque d’être catégorisé dans ce genre de rôles à l’avenir, et c’est bien dommage. Quelques moments de malaise se font donc sentir, mais fort heureusement, ceux-ci se comptent sur les doigts d’une main et ne viennent en rien gâcher l’ambiance générale de la série.

Où et quand regarder Agatha All Along ?

Les deux premiers épisodes de la nouvelle série Marvel sont d’ores et déjà disponibles sur Disney+. Les prochains épisodes sortiront à raison d’un chapitre par semaine, tous les jeudis à 3h du matin (heure française). Seul le final prévu pour le 31 octobre sera également composé de deux épisodes diffusés le même jour. De quoi laisser présager un final grandiose juste à temps pour Halloween.

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Notre avis

Il ne reste désormais plus qu’à espérer que les quatre derniers épisodes seront à la hauteur de cette introduction convaincante. Agatha All Along parvient à nous faire rire, à nous intriguer et à offrir une variété qu’on ne connaissait plus dans le MCU. Marvel est sur la bonne voie.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10
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