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Critique Borat 2 : Make America Worse Again ?

Sacha Baron Cohen aura attendu quatorze ans avant de renfiler son costume de journaliste kazakh et de s’attaquer à nouveau aux travers américains. Sauf qu’entre-temps l’Amérique a bien changé et lui aussi, ce qui a des conséquences directes sur la saveur de ce Borat 2.

Avant toute chose, il convient de faire preuve d’honnêteté et d’expliquer combien il est difficile d’émettre un avis critique sur Borat 2. Le faux documentaire tourné en grande partie avec des caméras cachées s’apparente désormais davantage à un discours politique filmé qu’à un véritable objet cinématographique. Le piège en devient double : comment émettre un avis sur un film qui n’en est pas un et comment éviter de se laisser aller à sa propre opinion concernant le pays de l’Oncle Sam. Un numéro d’équilibriste que Sacha Baron Cohen a lui-même décidé d’abandonner.

On retrouve donc l’ex-journaliste désormais au sommet de l’impopularité dans son pays. Coup de chance, l’élection de « MacDonald Trump » va lui offrir la possibilité de se racheter en offrant un cadeau à Mike Pence, Vice-Président des États-Unis et « amateur de chattes », afin de redorer l’image du Kazakhstan. Un cadeau qui prend le visage de Tutar, la propre fille de Borat.

Si Borat premier du nom se régalait (et nous avec) en parvenant à faire dire tout haut aux Américains ce qu’ils pensaient tout bas, les U.S.A ont bien changé et les puritains, les complotistes, les suprémacistes blancs… ne se cachent plus. De son côté, Borat, célèbre depuis son voyage initial, doit maintenant se déguiser pour éviter de se faire reconnaître. La suite change de ce fait de nature par rapport à son aînée.

La perception qu’on peut avoir du film change également car l’acteur semble diriger davantage le discours avec son œil engagé. Le montage et les propos sont orientés pour un résultat dérangeant, certes, mais où il devient parfois difficile de dire où la réalité s’arrête et où commence la fiction.  Heureusement pour Borat, la réalité se suffit à elle-même et nous offre les « meilleurs » passages du film. Qu’une pâtissière écrive un message antisémite sur un gâteau sans sourciller ou que Borat s’infiltre dans une convention républicaine avec un uniforme du Ku Klux Klan sans se faire arrêter, il y a assez à dire et à rire (jaune) sur la situation actuelle des États-Unis. Devant ou derrière la caméra, personne ne s’en cache : Borat 2 est avant tout un pamphlet anti-Trump qui veut faire réagir. Si on peut remettre en cause la dimension artistique du projet, politiquement c’est très fort.

Borat ou Tutar ?

La grosse nouveauté de cette suite réside en la personne de Tutar (exceptionnelle Maria Bakalova), venue en Amérique pour suivre son père avant d’être vendue comme femme-objet à Mike Pence, histoire de vivre dans une cage dorée « comme Mélania ». S’en suivront des « cours » pour être une parfaite femme américaine. Entre leçons pour satisfaire des vieux messieurs, bal de débutantes, relooking, avortement… le personnage permet à Borat de rentrer de plein pied dans un autre bouleversement sociétal actuel : le féminisme. La femme-objet en deviendra même le sujet principal du film et c’est là que Borat 2 frappe peut-être le plus fort et le plus juste, quand il laisse parler Tutar.

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Notre avis

Indéniablement, l'oeuvre est politique et le fait que le film débarque sur Amazon à deux semaines de l'élection américaine n'est certainement pas une coïncidence. Sacha Baron Cohen signe ici un long épisode de sa série canular Who is America ? plus qu'une véritable suite à Borat. Tour à tour drôle, gênant, angoissant, l'acteur veut surtout dénoncer. Il convient alors de prendre Borat 2 pour ce qu'il est : non pas un film, mais un discours anti-Trump enveloppé dans un bel écrin. À chacun d'en apprécier ou non la saveur.
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