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[Critique] Bad Boy for Life : rencontre entre deux générations

A l’heure où les salles obscures sont inondées de produits estampillés Disney, Bad Boys for Life fait figure d’exception. A la production, un Jerry Bruckheimer à l’origine des plus gros succès du box-office entre les années 80 et 2000 (Top Gun, Pearl Harbor, Pirates des Caraïbes, Le Flic de Beverly Hills…) Et avec la mode du revival de grosses franchises cinématographiques, Bad Boys semblait le candidat idéal pour un nouvel opus, 17 ans après le second. Mais jouer la fibre nostalgique est-il gage de qualité ?

C’était attendu : Bad Boys for Life joue la carte de l’opposition entre l’ancienne génération, incarnée par Will Smith et Martin Lawrence, et les nouveaux venus dans les rangs de la police – Vanessa Hudgens, Alexander Ludwig de Vikings ou encore Charles Melton de Riverdale. Une jeunesse prompte à l’utilisation des nouvelles technologies pour traquer les criminels (hacking, drones…) contrairement au duo culte qui préfère la jouer “à l’ancienne” – entendre par là foncer dans le tas et tirer sur tout ce qui bouge.
Bad Boys for life s’amuse volontiers d’un Will Smith à la barbe grisonnante, moqué pour ses réflexes désormais à la traîne et un Martin Lawrence préférant sa vie de famille aux interventions risquées. Le premier poussera l’autre dans une ultime mission suicide contre l’un des criminels les plus dangereux, lui-même incarné par un jeune acteur beaucoup plus coriace que les deux protagonistes.

L’occasion d’affrontements à la Jerry Bruckheimer où tous les prétextes sont bons pour des confrontations repoussant les limites du réel – chaque balle tirée par une arme à feu peut faire exploser une voiture. Et c’est dans ses scènes d’action que Bad Boys for life se montre le plus grisant : de longues poursuites savamment chorégraphiées et un film généreux avec son budget de 90 millions de dollars. Exit les costumes de super-héros et autres combattant intergalactiques qui squattent les salles obscures. Ici, c’est plutôt gros bras tatoués, armes à feu, agents surentraînés, gilets pare-balles et bastons entre deux vannes. Au milieu de ces affrontements jouissifs, Will Smith et Martin Lawrence jurent comme des charretiers, l’une des marques de fabrique de la franchise.

Un film un peu ringard dans le fond

Malgré ses qualités indéniables et sa générosité dans la mise en scène, impossible de ne pas voir dans Bad Boys for Life un film légèrement ringard. Passer sa morale religieuse un peu douteuse dans la première partie, Will Smith et Martin Lawrence apparaissent comme bloqués dans les années 90-2000. Choix musicaux d’un autre temps, humour souvent à la ramasse, costumes flashy… Bad Boys for Life donne l’impression d’avoir plusieurs dizaines d’années de retard. Même lorsque le film s’attarde sur la nouvelle génération, le prisme de cette équipe composée de jeune gens est dépassée.

Les petits génies vont chercher des informations sur… 4chan, et sont capables de trouver toute la vie d’un suspect en tapotant rapidement sur le clavier d’un super ordinateur affichant des lignes de code. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, c’est sans doute cette ringardise qui procure au film son côté “cool”. Jamais trop sérieux, toujours bourré de bons sentiments et honnête dans sa démarche, Jerry Bruckheimer déroule sa nostalgie d’un cinéma perdu depuis longtemps entre fonds verts, CGI vides d’âme, univers connectés, fan service et productions propres et calibrées mais dénuées d’une quelconque cinématographie. Certes, Bad Boy for life n’est pas des plus subtils… mais quoi de moins subtil qu’un épisode de Bad Boys ?

Un acte final jouissif

Après un ventre mou vers la moitié du long-métrage, Bad Boys for Life décide de déployer tout son grand-guignolesque dans un acte final au Mexique – après une révélation bancale, comme un cheveu sur la soupe. Hélicoptère, coups de feu, malfrats, explosions… Will Smith et Martin Lawrence coopèrent avec la nouvelle génération, rejetée dans un premier temps, pour remplir cette ultime mission. Un esprit “family” est insufflé dans le long-métrage à la façon des derniers Fast & Furious misant à fond sur cette carte des bons sentiments. Et alors que Bad Boys for Life s’amuse de l’âge de ses protagonistes, désormais quinquas, le scénario offre un épilogue ouvert aux spectateurs et la promesse d’un nouvel opus.

La machine est de nouveau en marche. Disparu des radars depuis plus de dix ans, Jerry Bruckheimer semble annoncer le retour de ses films à la patte si reconnaissable qui manquaient aux fans. Ce n’est pas pour rien que Michael Bay fait un caméo dans Bad Boys for Life. Et malgré l’âge de ses héros, le producteur accepte cette nouvelle génération d’acteurs et de personnages. Futur succès commercial à n’en pas douter, Bad Boys for Life pourrait bien représenter le salut tant attendu par Will Smith, qui enchaîne déconvenues et échecs depuis plusieurs années – malgré des tentatives louables, comme le Gemini Man d’Ang Lee. Désormais sur YouTube avec plus de 7 millions d’abonnés, l’acteur multiplie les tentatives pour signer son retour comme la figure des films d’action “à la cool”, genre qui aura participé à sa renommée fût un temps.

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Notre avis

Bad Boys for life vaut-il le déplacement ? Oui, sans aucun doute. Pour sa proposition bien différente des blockbusters récents, sa sincérité et sa nostalgie d’une époque révolue même s'il accepte de tourner la page. Une fois son statut de simple divertissement accepté, Bad Boys for life est un joli tour de manège. Pas sûr en revanche que le film survive à un second visionnage.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
1 commentaire
  1. Comme dans Gemini-Man : je suis le meilleur assasin ……
    Bad Boys for life : Nous sommes les meilleurs flics ……

    Vous pouvez remplacer le métier évoqué de chaque personnage du film, par “Acteur” et vous rigolerez tout le film !
    😀

Les commentaires sont fermés.

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