Rockstar a voulu tout donner avec Red Dead Redemption 2, presque adapter la frénésie d’un GTA dans les hautes plaines d’un arrière-pays sauvage. Une surdose de possibilités, de mouvements complexes, d’activités de gestion qui ne trompent pas longtemps. Les systèmes ne sont rien d’autre qu’un maquillage appuyé sur un visage rongé par le temps, celui d’un Rockstar qui a pensé l’évolution de sa série sous le prisme du rajout sans regarder ce qui ne fonctionnait plus en détail. Lourd et plombé par des gunfights d’un autre âge, le jeu embarque dans sa chevauchée de sérieux archaïsmes. C’est lorsqu’il s’en débarrasse qu’il est le meilleur, lorsqu’il se recentre sur son aventure pour gueuler tout ce qu’il à dire sans fard inutile. Plus resserré, moins obsédé par ce besoin de paraître plus impressionnant qu’il n’est déjà, Red Dead Redemption 2 aurait pu s’imposer comme un objet certes étrange dans son rythme bâtard, mais autrement plus puissant. En l’état, il est un bon jeu, pénétré de fulgurances trop étalées. Malgré cela, grâce à son monde foisonnant aux panoramas sublimes, il capte l’appel de la découverte ; moins celle de son open-world que du groupe unique de personnages marquants qu’il chérit de bout en bout, univers à part entière. Parmi les aventures les mieux écrites de ces dernières années, Red Dead Redemption 2 accroche au final sur ce qui a été le moins mis en avant, la finesse de sa vision de la fragilité humaine. Et en cela, il ne restera pas abandonné dans un vieux saloon sans personne pour penser à ce qu’il a pu susciter comme émotion. Il est ce petit vieux qui vous parle de sa guerre au détour d’un verre. Vous n’aurez jamais de preuve de la vérité de ce qu’il raconte, il se trompe et recommence, difficile de savoir s’il faut rester l’écouter ou partir. Et pourtant, si vous restez, vous aurez vous aussi quelque chose à raconter. Une belle histoire.
Note :
8
/
10