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Sur Instagram, l’arrivée des comptes ados relance l’espoir des créateurs sexo

Les comptes dédiés aux ados peuvent-ils améliorer l’accès des adultes aux contenus éducatifs ?

On ne l’avait pas vu venir. Mardi, le groupe Meta a annoncé la création de ses “comptes adolescents“. Derrière l’initiative, l’objectif est double : mieux protéger les mineurs en ligne, mais aussi permettre aux contenus (non pornographiques) pour adultes de peut-être, trouver leur place sur une plateforme qui les censure depuis toujours.

C’est quoi le problème avec Instagram et les ados ?

Officiellement, Instagram — comme l’ensemble des plateformes du groupe Meta — interdit son accès aux mineurs de moins de 13 ans. Dans les faits, la restriction est largement contournée. C’est donc dans un souci de “protection des mineurs” que l’entreprise vient d’ajouter plusieurs outils destinés à mieux les protéger. Parmi les plus importants : l’arrivée d’un nouveau “compte ado“, déjà accessible dans plusieurs pays anglophones, et qui arrivera en France d’ici à la fin de l’année.

Concrètement, les comptes ados auront vocation à empêcher l’affichage de “contenus inappropriés aux enfants de 13 à 17 ans. Rappelons que si cette limite d’âge est loin d’être respectée, elle fait débat à l’international. Aux États-Unis, les débats font rage pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 17 ans. En France, l’idée d’une majorité numérique fixée à 15 ans a longtemps été évoquée.

Très populaire chez les jeunes, Instagram — comme la plupart des plateformes sociales — est largement accusé de véhiculer des standards de beauté inatteignables à des internautes encore en pleine construction de leur identité. D’ici quelques semaines, l’ensemble des comptes estampillés comme mineurs seront automatiquement passés en mode adolescent. Concrètement, cela reviendra à limiter les contacts et les contenus auxquels les adolescents ont accès, en offrant à un compte parent de référence la possibilité de contrôler à distance les agissements de sa progéniture.

Ce qui change pour les comptes ados

  • Compte privé par défaut
  • Restrictions sur les messages reçus et les contenus accessibles
  • Mode Sommeil qui désactive automatiquement les notifications nocturnes
  • Outils de supervision parentale pour vérifier les échanges et les contacts du compte
  • Paramètres impossibles à modifier avant 15 ans, et sous réserve d’autorisation parentale pour les 16-17 ans
  • Durée maximale d’utilisation quotidienne
  • Blocage du compte possible par un compte parent

Et l’éducation sexuelle alors ?

 

Au milieu de cette flopée d’annonces, un secteur en particulier scrute les prochaines décisions d’Instagram : les créateurs et créatrices de contenus dédiés à l’éducation sexuelle sont régulièrement censurés par la plateforme. L’arrivée des comptes adolescents, assorti d’une restriction d’affichage pour les plus jeunes, pourrait ainsi relancer l’espoir d’un accès plus libre aux contenus thématisés autour de la sexualité (mais sans aucune image ou formulation explicite) pour les personnes majeures. Rappelons qu’aujourd’hui, bon nombre de termes anatomiques sont automatiquement censurés par la plateforme, et que la situation semble ne pas aller en s’améliorant.

Pour Marie Brassel, experte en communication de l’intime, l’arrivée des comptes adolescents est loin d’être une révolution. Si l’idée aurait pu sonner le glas d’une censure abusive sur les questions de sexualité en ligne, ouvrant la voie à des biais de communication plus inclusifs et plus accessibles, ce ne sera visiblement pas le cas. L’experte dénonce notamment la “langue de bois” d’Adam Mosseri, actuellement à la tête de Meta sur la question de la protection des mineurs en ligne. “Instagram explique qu’on va pouvoir contrôler ce que font nos ados, protéger leur santé mentale, laisser aux parents la possibilité de contrôler le temps d’écran et les horaires de connexion. Pour moi, cela revient à se dédouaner, en évitant de prendre ses responsabilités. C’est aussi une déresponsabilisation de l’utilisation des réseaux sociaux“.

Les ados, grands oubliés d’Instagram

D’autant plus que si l’idée de retarder l’accès des adolescents et des adolescentes à des contenus sexuellement explicites en ligne ne fait pas débat, il n’est pas question de pornographie ici, mais bien d’éducation sexuelle. L’immense majorité des jeunes n’ont pas accès aux trois cours d’éducation à la vie affective et sexuelle, pourtant prévue par la loi en France. Face à ce manque d’information, bon nombre se tournent vers la pornographie mainstream, régulièrement pointée du doigt comme la source d’une prétendue déchéance morale et sexuelle qui toucherait toute une génération née avec les réseaux sociaux. “Qui a besoin d’éducation sexuelle ?”, questionne Marie Brassel. “Ce sont les adolescents. Il vaut mieux éduquer sur la manière d’utiliser les plateformes, donner de vrais outils de modération, plutôt que de mettre des faux comptes aux enfants, en prétendant qu’on veut les protéger“.

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