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Un simple smartphone perdu justifie-t-il de détourner un avion ?

Les batteries Li-ion qui alimentent tous nos gadgets préférés sont formidables, mais elles représentent aussi une menace de premier plan dans les espaces confinés comem la cabine d’un avion.

Si quelqu’un vous interroge sur les raisons qui peuvent pousser un avion à se détourner de son itinéraire, vous aurez probablement tendance à citer des scénarios catastrophiques comme une urgence médicale critique, une terrible tempête ou la panne d’un système essentiel. En revanche, il y a fort à parier que la perte d’un appareil électronique, comme un smartphone, ne figure pas sur votre liste… Pourtant, il s’agit d’une situation que les professionnels de l’aviation prennent très au sérieux. pas plus tard que cette semaine, un vol entre Los Angeles et Munich a été détourné vers Boston à cause… d’un iPad coincé profondément dans le mécanisme d’un siège, selon le Business Insider.

Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. Pour s’en convaincre, il suffit de piocher dans les exemples concrets qui ont émergé ces derniers mois. En mai 2024, un Boeing 767 d’United Airlines a décollé de Zurich en direction de Chicago, mais a été forcé de faire un détour par un aéroport irlandais quand l’ordinateur portable d’un passager s’est retrouvé coincé dans son siège. Plus récemment, en février dernier, c’est un vol censé relier l’aéroport Charles-de-Gaulle à la Martinique qui a dû faire demi-tour quand un client a laissé tomber son smartphone dans le mécanisme de son siège.

Un risque très concret

À première vue, ces incidents peuvent sembler bien trop futiles pour justifier le détournement de tels vols commerciaux. Après tout, le passager n’avait qu’à faire attention à son matériel ; s’il doit s’en passer pendant quelques heures, c’est son problème, n’est-ce pas ? C’est en fait tout le contraire : cette simple maladresse peut représenter un risque majeur pour l’ensemble des humains à bord à cause de la nature des batteries au lithium qui équipent ces appareils.

Vous avez certainement déjà remarqué que l’ensemble des batteries Li-ion distribuées en Europe présentent un label qui déconseille fortement de les percer ou de les ouvrir. C’est parce que les deux pôles du circuit — l’anode et la cathode — sont séparés par une membrane qui les empêche d’entrer directement en contact, tout en permettant au courant de circuler. Si l’intégrité de cette membrane est compromise, on obtient un court-circuit interne qui génère de la chaleur.

Or, les réactions chimiques qui se déroulent dans ces appareils sont elles-mêmes accélérées par la chaleur. On obtient donc un cercle vicieux : plus la température augmente, plus la réaction s’intensifie, plus la température augmente, et ainsi de suite. Cette situation peut vite dégénérer et se transformer en un feu en bonne et due forme.

Les batteries Li-Ion, des bombes incendiaires potentielles

C’est particulièrement problématique dans le cadre des batteries au lithium, et pour cause : les feux qui en émanent sont notoirement difficiles à maîtriser.

Par définition, les batteries sont des objets conçus pour stocker une grande quantité d’énergie dans un espace réduit. Lorsque cette énergie s’échappe sous forme de chaleur, le feu peut devenir si intense que l’asperger d’eau est rarement efficace. Même les extincteurs conventionnels ne suffisent généralement pas. Cela vaut aussi pour les sacs de confinement conçus pour étouffer une flamme. Ces derniers sont souvent inutiles dans ce contexte, car la combustion des composants (et en particulier de la cathode) peut elle-même générer de l’oxygène qui permet à la réaction de s’auto-alimenter.

Ces feux ont aussi tendance à émettre des fumées toxiques et corrosives… et pour couronner le tout, ils ont la fâcheuse habitude de redémarrer spontanément une fois qu’ils semblent éteints ! Inutile de préciser que ces incidents peuvent vite tourner au drame dans un espace confiné comme la cabine ou la soute d’un avion.

Une tolérance zéro justifiée

C’est pour cela que les personnels de bord sont formés à réagir avec une politique de tolérance zéro. Si un passager perd son précieux smartphone dans le mécanisme du siège et qu’il est impossible de le récupérer, il est aussi impossible de vérifier si la batterie n’a pas été écrasée ou percée par la charnière. On se retrouve donc avec une bombe à retardement potentielle — et vu sous cet angle, il s’agit d’un motif parfaitement légitime pour détourner un appareil entier.

Lors de votre prochain voyage, prenez donc garde à bien vous renseigner sur les règles en vigueur, qui peuvent légèrement varier d’une compagnie aérienne à l’autre. Et si vous manipulez un smartphone, un ordinateur ou une console en cabine, assurez-vous d’avoir la main ferme : il serait regrettable de gâcher vos projets et ceux de tous les autres passagers à cause d’une simple maladresse !

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