Les Émirats arabes unis deviennent le premier pays au monde à confier à l’intelligence artificielle la rédaction et la révision de leurs lois. Une avancée historique, qui pose aussi de sérieuses questions éthiques et juridiques. L’idée n’est plus de cantonner l’IA dans un rôle de simple outil d’aide, mais de la transformer en véritable coautrice de la formulation législative du pays. Un Bureau du renseignement réglementaire, alimenté par l’IA, a été mis en place pour superviser ce dispositif et rationaliser le processus législatif à l’échelle fédérale et locale.
Des lois plus rapides, et plus précises
L’objectif affiché est clair : accélérer la production des lois de 70 %, rendre les textes plus précis, et proposer des mises à jour régulières grâce à l’analyse de vastes bases de données juridiques, de jugements et de rapports publics. L’IA pourra ainsi suggérer des modifications ou identifier des incohérences dans plus d’une centaine de textes, tout en surveillant leur impact en temps réel sur la société et l’économie. Plus qu’un simple observateur, le dispositif permettra surtout d’adapter les lois aux usages, dans un délai raccourci.
Techniquement, le système repose sur les dernières avancées de l’intelligence artificielle générative et du traitement automatique du langage naturel (NLP). Les modèles, entraînés sur plus de 100 000 textes juridiques, sont ainsi capables de générer, réviser et évaluer des projets de loi, tout en évaluant le niveau de risque théorique de chaque modification.
L’écosystème mis en place relie les lois fédérales et locales aux décisions judiciaires et aux services publics. En théorie, il permettra ainsi de créer une cartographie dynamique et unifiée du droit à l’intérieur du pays. Les Émirats arabes unis prévoient aussi de s’appuyer sur des partenariats avec des centres de recherche internationaux pour comparer leur législation au reste du monde.
Vers une gouvernance algorithmique ?
Sur le plan social, cette innovation vise à rendre la gouvernance plus efficace, transparente et réactive. Les autorités émiraties y voient un moyen de dépasser les lenteurs et les compromis de leur système parlementaire traditionnel. Mais cette accélération s’accompagne aussi de débats sur les risques d’une gouvernance privée de décideurs humains. L’opacité et les nombreuses hallucinations imputées à l’IA rendent indispensables la nécessité d’une supervision humaine.
Après avoir nommé un ministre de l’IA en 2017 et investi massivement dans l’éducation algorithmique, les Émirats arabes unis confirment leur ambition de figurer parmi les leaders mondiaux de la gouvernance numérique. Cette expérimentation, à la frontière des genres, pourrait d’ailleurs inspirer d’autres pays.
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