Tout commence en octobre dernier lorsqu’un TikToker américain, @justjosephm, publie une vidéo dans laquelle il grimpe par la fenêtre d’un drive d’un restaurant Checkers. Son cri de ralliement devenu meme : « No door, no problem ». Il saisit quelques frites, plaisante avec les employés et repart, le tout filmé et accompagné de la chanson Trap Queen de Fetty Wap. L’idée fait mouche. Rapidement, l’auteur enchaîne les publications, jusqu’à enregistrer plusieurs millions de vues début 2025, parfois en duo avec d’autres créateurs de contenu.
Une intrusion filmée pour faire des vues
Le concept est repris à l’envi : on entre dans les cuisines sans autorisation, souvent par la fenêtre du drive, parfois par-dessus le comptoir, on joue de la musique, on plaisante, on filme. Et ça paye : selon certaines estimations, ces vidéos peuvent rapporter entre 2.000 et 4.000 euros via le programme de rémunération de TikTok, en fonction de la viralité et du statut du créateur.
@justjosephm The way they just worked through this🤣😭 #justjoseph #foryou #prank #fettywap #trending @Checkers and Rally’s
Des figures françaises comme @monsieurjolan s’en sont emparées à leur tour, contribuant à l’importation du phénomène dans l’Hexagone. Pour le public, c’est drôle. Pour les créateurs, c’est rentable. Mais pour les salariés filmés malgré eux, la réalité est toute autre.
Sous les vidéos, les commentaires tournent souvent autour du caractère « cool » ou non des employés, comme si leur réaction était au cœur de l’expérience. En réalité, beaucoup de ces salariés n’ont pas le choix. Ils doivent faire face à des intrusions parfois agressives, sans moyen de s’y opposer.
« Je n’aime pas particulièrement mon job, mais ce que je déteste le plus, ce sont les menaces et le sentiment d’insécurité », confie une employée citée par une collègue dans une vidéo de témoignage reprise par 20 Minutes. Le responsable d’un McDonald’s évoque même des insultes et des menaces de mort. Ces intrusions génèrent une tension permanente et des risques réels, rarement pris au sérieux par les auteurs des vidéos, souvent très jeunes.
Le compte officiel de McDonald’s sur TikTok a d’ailleurs réagi avec une pointe d’ironie, se disant « dépassé » par le phénomène, et en exprimant tout de même son malaise face à cette mode envahissante.
L’entrée sans autorisation dans un établissement privé, même pour « rigoler », reste un acte illégal. En France, cela peut être qualifié de filouterie ou d’intrusion, des délits passibles de six mois de prison et 7.500 € d’amende. En cas de vol, ou si l’acte provoque des blessures ou met en danger le personnel, les peines peuvent être encore plus lourdes.
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