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Le cofondateur de Tesla veut recycler des batteries sans l’aide de la Chine

Dans le Nevada, une ancienne mine d’or reprend vie. Pas pour extraire le précieux métal, mais pour recycler les batteries usagées des voitures électriques. L’objectif de Redwood Materials, créée par un cofondateur de Tesla : produire localement un ingrédient clé des batteries, le CAM, et couper le cordon avec la Chine.

Le désert du Nevada n’a pas fini de produire des merveilles. À Sparks, des tonnes de batteries usagées s’entassent devant les bâtiments blancs de Redwood Materials. Il y a là de vieux portables, des batteries d’ordinateurs portables, et même une batterie de Hummer EV si grosse qu’elle occupe un carré entier du parc de stockage. Tout ce qui contient une batterie rechargeable finit ici, soigneusement trié et préparé pour être recyclé.

La poudre noire qui vaut de l’or

La mission de cette entreprise est simple sur le papier : récupérer les métaux précieux contenus dans ces batteries — nickel, cobalt, manganèse, lithium — et leur donner une seconde vie. Mais dans la réalité, c’est une sacrée cuisine chimique. Les batteries sont chauffées, purifiées, filtrées, le tout dans des installations qui ressemblent à une usine sortie d’un rêve de bricoleur géant.

Derrière Redwood Materials, on retrouve un nom bien connu du monde de l’électrique : JB Straubel. Ce n’est pas un inconnu dans la Silicon Valley — il a cofondé Tesla et a longtemps occupé le poste de directeur technique, de 2004 à 2019. C’est lui qui a conçu une bonne partie de l’architecture des batteries et de la motorisation des premiers modèles de la marque. Autant dire qu’il connaît les cellules lithium-ion sur le bout des doigts.

Mais à mesure que Tesla grandissait, Straubel s’est intéressé à ce qu’il appelle « l’arrière-boutique » de l’électrique. Pas les voitures elles-mêmes, mais la chaîne d’approvisionnement qui les rend possibles. Et surtout, ce qu’on fait des batteries une fois qu’elles ont rendu l’âme.

« Ce que j’ai compris très tôt, c’est qu’on ne pourra pas électrifier le monde entier si on dépend encore des mines à ciel ouvert à l’autre bout du monde », explique-t-il chez Business Insider. Selon lui, l’industrie du recyclage est la grande absente du virage énergétique.

« On récupère jusqu’à 98 % des matériaux critiques », assure-t-il. Un joli score, surtout quand on sait que ces métaux doivent aujourd’hui faire des allers-retours de 50.000 km entre les États-Unis et l’Asie pour être traités. Redwood veut casser ce circuit absurde.

L’objectif final, c’est de produire du CAM — Cathode Active Material. En gros, une poudre noire composée de tout ce qui donne aux batteries leur puissance et leur valeur. Et Redwood compte en fabriquer en masse, sur place, dans une énorme usine encore en construction.

C’est un pari risqué, mais stratégique. Car aujourd’hui, personne ne produit du CAM à l’échelle industrielle en Amérique du Nord. Tout vient de Chine, du Japon ou de Corée. Si cette entreprise réussit son coup, elle deviendra un acteur incontournable de la filière batterie aux États-Unis. Et elle a déjà des clients : Toyota, Panasonic, Amazon… Tous prêts à signer pour du CAM made in Nevada. D’ici 2030, Redwood espère produire assez pour équiper 1,3 million de voitures électriques par an.

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