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ESA : le nouveau booster d’Ariane 6 et Vega-C passe un test critique

La première mise à feu de cet élément qui viendra bientôt améliorer les performances des deux principales fusées européenne a été un grand succès.

Ariane 6 est désormais opérationnelle, et c’est une excellente nouvelle pour l’aérospatiale européenne — mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle va cesser d’évoluer. L’ESA vient d’annoncer par voie de communiqué que le moteur de ses futurs boosters, appelé P160C, a été testé avec succès pour la première fois ce 24 avril — un jalon majeur dans le développement des prochaines itérations du lanceur.

Permettre à des lanceurs moyens ou lourds comme Ariane de vaincre la gravité terrestre est tout sauf un jeu d’enfant. La masse de ces engins se chiffre généralement en centaines de tonnes, et il faut donc fournir une poussée très importante pour leur permettre de décoller. Les moteurs principaux à ergols liquides sont incapables d’y parvenir seuls.

C’est pour cette raison que les fusées sont souvent dotées de propulseurs latéraux appelés boosters. Ils aident le véhicule à engranger de la vitesse pendant la première phase de l’ascension, avant d’être éjectés en altitude, une fois que l’influence de la gravité terrestre devient moins perceptible. Il s’agit donc d’éléments absolument cruciaux pour les lanceurs de gros calibre ; augmenter la puissance des boosters revient directement à augmenter la capacité de charge utile de la fusée, et, par extension, ses performances opérationnelles.

Un grain de performances et de compétitivité

Aujourd’hui, Ariane et Vega-C — sa petite sœur dans la famille des fusées européennes — utilisent un modèle de booster appelé P120C. Ce dernier est relativement récent ; il a été inauguré lors du premier vol de Vega-C, en juillet 2022. Mais l’ESA et le CNES attendent beaucoup de leurs deux fers de lance, qui vont devoir s’attaquer à des missions de plus en plus ambitieuses dans les prochaines années. Pour gagner en marge de manœuvre, l’agence européenne a donc pris la décision de travailler sur une nouvelle itération, baptisée P160C.

La principale évolution concerne les mensurations du booster : le P160C est plus long d’un mètre que son prédécesseur. Cela pourrait sembler anecdotique, mais c’est tout sauf négligeable en pratique. Ce volume supplémentaire permet au moteur d’embarquer plus de 14 tonnes de propergol solide supplémentaires, avec tout ce que cela implique en termes de la capacité de charge utile et de compétitivité commerciale.

Ce nouveau booster comprend trois principaux composants. Le premier est une structure légère et résistante, construite en composite carbone/époxy par l’entreprise italienne Avio. Ce prestataire a aussi piloté la conception du deuxième élément, l’allumeur en aluminium composite, qui a ensuite été fabriqué par Nammo en Norvège. Reste encore la tuyère, dont le rôle est d’évacuer le gaz produit par la combustion des propergols pour générer de la poussée. Dans ce cas précis, elle joue aussi un rôle significatif dans le pilotage du véhicule grâce à sa capacité à pivoter. Ce composant ô combien important a été fabriqué par ArianeGroup sur son site du Haillan, près de Bordeaux.

Ces trois éléments ont ensuite été assemblés en Guyane, où l’on trouve notamment la base de lancement des fusées Ariane, au sein des filiales communes entre Avio et ArianeGroup (respectivement Regulus et Europropulsion). Il ne restait donc plus qu’à tester le moteur à travers ce qu’on appelle un essai de qualification. Et c’est précisément ce qu’a fait l’ESA ce jeudi sur le Banc d’Essais des Accélérateurs à Poudre (BEAP) du CNES. L’agence a indiqué que cet essai s’était soldé par un succès. Cela suggère que le P160C est non seulement fonctionnel, mais que ses performances sont conformes aux attentes des ingénieurs.

C’est une très bonne nouvelle pour le futur d’Ariane et de Vega-C. Même si le communiqué de l’ESA n’indique pas à quel moment ce nouveau booster entrera en service, il s’agit incontestablement d’un jalon majeur dans le développement des futures évolutions des lanceurs européens, qui vont bénéficier d’un gain de performance substantiel.

Ariane 6 reprend du service cet été

En attendant, nous vous donnons donc rendez-vous à la prochaine mission d’Ariane 6, qui aura lieu au mois d’août. La nouvelle vedette de l’aérospatiale européenne sera chargée de déployer le satellite météorologique MetOp-SG A1 sur une orbite héliosynchrone. Il sera très intéressant de voir si ce vol se déroulera aussi bien que la première mission commerciale du lanceur, brillamment menée au début du mois de mars.

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