En août dernier, la justice américaine a déterminé que Google exerçait un véritable monopole à travers son moteur de recherche, par lequel transitent plus de 90 % des requêtes à l’échelle mondiale. Les législateurs envisagent désormais plusieurs pistes pour rétablir un semblant d’équilibre, dont une particulièrement extrême : forcer Google à revendre son incontournable navigateur Chrome, dont la part de marché dépasse les 65 %. Une perspective intéressante pour d’autres représentants de la Big Tech… à commencer par OpenAI, qui semble y voir une véritable opportunité.
C’est en tout cas ce qu’affirme Ars Technica sur la base du témoignage de Nick Turley, chef de produit de ChatGPT. Lors de son audition devant le Department of Justice, l’intéressé a d’abord évoqué d’autres pistes pour limiter la domination de Google. Il a, par exemple, proposé de contraindre la filiale d’Alphabet à partager son index de recherche – l’énorme base de données qui, en substance, sert de « catalogue du Web ».
Mais la partie la plus croustillante est survenue lorsque le juge Amit Mehta a évoqué une éventuelle revente du navigateur. Turley n’a pas tardé à manifester son intérêt au nom de son entreprise, indiquant qu’OpenAI – tout comme de nombreux autres concurrents – pourrait être intéressée par le rachat de Chrome.
4 milliards d’utilisateurs et une montagne de données
Il s’agirait en effet d’une opportunité majeure pour l’entreprise de Sam Altman, et ce pour deux raisons. Pour commencer, toujours selon Ars Technica, la firme aurait déjà envisagé de créer son propre navigateur basé sur Chromium, entièrement conçu autour de ChatGPT. Pas besoin d’être un analyste chevronné pour comprendre l’intérêt de récupérer un tel produit : en rachetant l’original plutôt que de développer une copie, OpenAI mettrait surtout la main sur une base de quatre milliards d’utilisateurs, tous susceptibles de devenir des clients potentiels de son chatbot d’intelligence artificielle.
Mais du point de vue d’OpenAI, Chrome représenterait surtout une source presque intarissable de données – une ressource encore plus précieuse que les utilisateurs eux-mêmes. L’entreprise cherche en permanence à en accumuler davantage pour entraîner ses modèles, car l’intégralité de son modèle économique repose sur cette pratique. Or, une quantité d’informations phénoménale circule chaque jour à travers le navigateur, et OpenAI aurait tout intérêt à s’en emparer.
Il sera donc intéressant de suivre les prochains épisodes de ce feuilleton. Il convient de rappeler que la vente éventuelle de Chrome est encore loin d’être actée ; tout dépendra de la décision du Department of Justice. Mais le cas échéant, on peut parier sans trop de risque qu’OpenAI se positionnera rapidement sur le dossier.
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