Alors que le gouvernement cherche à combler un déficit budgétaire de 40 milliards d’euros pour 2026, la suppression de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions de retraite est sérieusement envisagée. Une décision qui pourrait peser lourd sur les foyers les plus modestes.
C’est quoi cet abattement fiscal de 10% ?
Instauré en 1978, l’abattement de 10% sur les pensions de retraites permet à 15 millions de ménages de réduire leur revenu imposable. Une niche fiscale automatique, appliquée par le fisc, qui concerne les pensions de retraite, de réversion, d’invalidité et alimentaires, pour un montant total compris entre 450€ par bénéficiaire, et 4399€ par foyer. De quoi compenser certains frais liés à l’âge, ainsi que les déductions fiscales réservées aux actifs, comme les frais de déplacement ou de restauration.
Le coût de cette niche fiscale atteint près de 5 milliards d’euros par an et continue d’augmenter. Dans un contexte de finances publiques tendues, le gouvernement et certains organismes, comme le Medef ou le Conseil d’orientation des retraites, envisagent sérieusement de supprimer cet avantage. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ambitionne désormais de repenser la contribution de chacun en fonction de ses moyens, et non plus de son âge. Plus concrètement, les aides ne concerneraient désormais que les foyers les plus précaires, indépendamment de leur source de revenus ou de leur âge.
Qui est concerné ?
La suppression totale de l’abattement toucherait les retraités imposables, en particulier les plus aisés. Selon l’OFCE, les 5 % de foyers de retraités les plus riches verraient leur impôt augmenter de 850€ en moyenne. Au total, 8,5 millions de ménages paieraient plus d’impôts, et 500 000 foyers basculeraient dans l’imposition, alors qu’ils y échappaient jusqu’à présent. Par effet domino, le revenu fiscal de référence des retraités grimperait, ce qui pourrait aussi remettre en cause l’accès à certains avantages sociaux ou fiscaux, comme le taux réduit de CSG ou des aides comme MaPrimeAdapt’. En revanche, la majorité des retraités les plus modestes, souvent non imposables, ne seraient pas directement concernés par cette suppression.
Face à la levée de boucliers des associations de consommateurs, une suppression partielle ou une réduction du plafond de l’abattement est également envisagée. Cela permettrait de préserver les retraités modestes tout en augmentant la contribution des foyers les plus aisés. Par exemple, abaisser le plafond de l’abattement à 3 000 euros par foyer fiscal impacterait surtout ceux qui déclarent plus de 30 000 euros de pensions annuelles.
Reste que la perspective de cette suppression provoque une vive inquiétude chez les retraités, qui y voient une remise en cause d’un acquis fiscal, autant qu’une menace pour leur pouvoir d’achat. Les syndicats dénoncent une mesure injuste, qui frapperait des personnes ayant cotisé toute leur vie. Le débat s’annonce tendu, alors que les retraités représentent une part importante de l’électorat, et que l’horizon 2027 se profile.
En bref
- La suppression de l’abattement fiscal automatique de 10% pour les retraités pourrait rapporter 5 milliards d’euros par an à l’État, de quoi combler une partie du déficit de 40 milliards d’euros d’ici à 2026
- 8,5 millions de ménages sont concernés, parmi les foyers les plus aisés
- L’augmentation du revenu de référence pour les retraités pourrait remettre en cause l’accès à certains avantages sociaux ou fiscaux
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