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La désinformation russe et chinoise en roue libre aux États-Unis

Le gouvernement Trump ferme discrètement le dernier bureau chargé de surveiller la propagande d’État venue de l’étranger. Un choix salué par les conservateurs américains, mais critiqué par des élus et des anciens responsables qui redoutent que les Russes, les Chinois ou les Iraniens profitent du vide.

R/Fimi, ça ne vous dit rien ? Ce bureau au nom compliqué – Counter Foreign Information Manipulation and Interference – était pourtant le dernier rempart du département d’État américain contre la désinformation étrangère. Mais il va disparaître, dans la foulée d’un décret signé par Donald Trump pour « restaurer la liberté d’expression ». L’idée : arrêter de surveiller les campagnes d’influence venues d’autres pays… pour ne pas être accusé de restreindre la parole des Américains.

Les ennemis des États-Unis sont ravis

C’est en tout cas l’argument du secrétaire d’État Marco Rubio, qui a dégainé un message sur X (anciennement Twitter) : « Des Américains ont été accusés ou même emprisonnés juste pour avoir donné leur avis. Ça suffit. » Selon lui, ce bureau coûtait cher (50 millions de dollars par an) et aurait surtout servi à « censurer des voix américaines ». Une sortie un peu paradoxale, puisqu’à son propre passage devant le Sénat, Rubio insistait sur l’importance de contrer la propagande chinoise…

Du côté des experts, cette fermeture ne passe pas. James Rubin, l’ancien chef du bureau (quand il s’appelait encore Global Engagement Center), ne mâche pas ses mots : « C’est comme un désarmement unilatéral. On baisse nos défenses, eux en profitent. »

Et les chiffres donnent un peu le tournis. La Russie consacrerait 1,5 milliard de dollars par an à ses campagnes d’influence. L’Iran dépasse le milliard. Quant à la Chine, elle mettrait encore plus sur la table. Pendant ce temps, les États-Unis coupent leur unique outil officiel pour répondre à ces offensives numériques.

La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen dénonce un abandon pur et simple : « Le président laisse le champ libre à nos adversaires pour diffuser leur propagande. » Et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit : ces dernières années, le bureau avait par exemple mis au jour une campagne russe en Amérique latine sur la guerre en Ukraine, ou encore une opération visant à discréditer les programmes de santé américains en Afrique.

Tout cela n’aura pas suffi à convaincre. Le budget du bureau avait déjà été bloqué fin 2024 par le Congrès. Il restait une structure, R/Fimi, mais elle va fermer ses portes dans les 30 jours. Les 40 employés seront remerciés.

Le responsable de cette fermeture s’appelle Darren Beattie, un proche de Trump qui avait été viré lors du premier mandat après avoir participé à une conférence de nationalistes blancs. Il est aussi connu pour avoir relayé des théories sur une implication du FBI dans l’attaque du Capitole. Pas vraiment le genre de profil qu’on imagine en première ligne contre la désinformation.

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