À première vue, les caméras installées à Thonon-les-Bains n’ont rien d’exceptionnel. Discrètes, elles sont postées à proximité des écoles et lieux publics sensibles. Mais derrière ces lentilles se cache une nouvelle génération de surveillance : depuis janvier, la commune de Haute-Savoie teste un système de vidéosurveillance algorithmique, capable d’analyser automatiquement les images et d’alerter les policiers en cas de comportement suspect.
Un système vraiment efficace ?
Djamel Keriche, responsable de la sécurité publique de la ville, a montré à France 3 comment cela fonctionne : un individu qui tourne autour d’une crèche est repéré par le logiciel, et mis en surbrillance à l’écran. Quand il tente de forcer une fenêtre, une alarme retentit et une patrouille est dépêchée. Ce cas est fictif, mais il illustre les capacités du système.
« On peut avoir un rôdeur, une effraction, un dépôt sauvage… Là où il fallait parfois des heures de recherche, on a l’info en quelques secondes », explique-t-il. Le logiciel reconnaît aussi des objets suspects, des mouvements de foule ou peut effectuer des recherches ciblées : « Par exemple, on peut chercher un véhicule jaune qui est passé hier », illustre Djamel Keriche.
Ces technologies, testées dans plusieurs villes en France, restent encadrées : pas de reconnaissance faciale, ni de lecture de plaques d’immatriculation. L’expérimentation est autorisée jusqu’en mars 2027.
Avant Thonon, c’est à Paris que ces systèmes ont été mis à l’épreuve, notamment pendant les Jeux olympiques de 2024. 800 caméras dites « augmentées » ont été déployées pour détecter les comportements inhabituels autour des stades, dans les transports ou lors des festivités.
Mais d’après un rapport parlementaire publié en mars 2025 et repris par Actu.fr, les résultats sont loin d’être convaincants. Si la sécurité globale des JO a été saluée, ce n’est pas grâce à la vidéo algorithmique. « Le vrai succès, c’est l’humain », tranche le député Stéphane Peu. Une forte présence policière, une coordination efficace, une posture bienveillante : voilà ce qui a rassuré le public, selon les auteurs du rapport.
Quant aux caméras, elles n’ont pas su détecter des situations pourtant prévues dans leur cahier des charges, comme une personne armée ou un colis abandonné. Un seul cas d’usage marquant est rapporté : l’identification d’un cueilleur de champignons perdu… En réalité, seuls trois ou quatre des huit scénarios définis par la loi ont fonctionné correctement, comme la détection de mouvements de foule ou d’intrusions dans des zones interdites.
Si l’outil peut sembler prometteur, son encadrement soulève des questions. Les caméras n’enregistrent pas de données personnelles, mais elles restent un dispositif de surveillance automatisée. « Ce n’est pas anodin, il peut y avoir des biais ou des dérives », prévient Stéphane Peu.
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