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Nvidia pris entre deux feux par la guerre commerciale de Donald Trump

L’escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, un marché stratégique pour Nvidia, mettent l’entreprise dans une situation difficile.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les offensives dans sa guerre idéologique et commerciale contre son grand rival chinois — au grand dam de Nvidia, qui se retrouve pris entre le marteau et l’enclume.

La Chine a toujours été l’une des cibles préférées du sulfureux président des États-Unis, qu’il considère comme une menace économique et politique de premier plan. À peine une dizaine de jours après le début de son second mandat, il a décidé de montrer ses muscles.

Le 1er février, il est passé à l’offensive en imposant une taxe de 10 % sur les importations chinoises. Le pays de Xi Jinping n’a pas tardé à réagir : trois jours plus tard, il a répondu en taxant à son tour de nombreux produits stratégiques à hauteur de 15 %. Cette partie de ping-pong économique a continué jusqu’au début du mois d’avril, où les taxes sur les produits chinois ont dépassé la barre des 100 %.

Un marché vital pour Nvidia

Il a toutefois été forcé de mettre de l’eau dans son vin ces derniers jours, car cette escalade a eu un impact très concret sur l’économie américaine. En effet, de nombreuses entreprises, y compris certains mastodontes qui pèsent particulièrement lourd dans l’économie du pays, ont été fortement affectées par ces mesures. C’est notamment le cas de Nvidia.

L’entreprise de Jensen Huang réalise une partie considérable de ses bénéfices sur le marché chinois. Des géants comme Alibaba et Tencent ont généré environ 17 milliards de dollars pour la dernière année fiscale, soit environ 13 % des ventes totales de la firme, selon Reuters. Mais les restrictions récentes sur l’exportation de la puce H20, un produit conçu spécifiquement pour contourner les restrictions commerciales de l’administration Biden, ont été un vrai coup dur. Selon le Financial Times, l’entreprise a estimé que cette mesure pourrait générer un manque à gagner d’environ 5,5 milliards de dollars.

Au-delà des ventes, la Chine est aussi une plaque tournante logistique absolument vitale pour Nvidia. Son modèle commercial repose en grande partie sur des composants assemblés dans ce pays.

Jensen Huang se retrousse les manches

Pour sauver son fonds de commerce, le grand patron a donc décidé de prendre les choses en main personnellement. Toujours selon le Financial Times, il s’est récemment rendu à Pékin pour réaffirmer qu’il s’agissait d’un « marché très important pour Nvidia ». Il a aussi plaidé pour un apaisement des tensions, afin que son entreprise puisse continuer ses activités sur ce marché stratégique.

« L’augmentation des restrictions a eu un impact considérable sur notre entreprise », cite Tom’s Hardware. « Nous avons grandi en Chine, et la Chine nous a vus grandir au cours des 30 dernières années. Bien sûr, il s’agit d’un marché très vaste, où nous interagissons et travaillons avec des entreprises chinoises. Cela nous a permis de progresser tous les deux. Nous allons donc poursuivre nos efforts pour optimiser nos produits, les rendre conformes à la réglementation et continuer à servir le marché chinois. »

Une sortie qui risque de faire froncer quelques sourcils du côté du gouvernement, qui a maintes reprises tenté de frapper l’économie et l’innovation chinoises à travers des mesures comme le Chips and Science Act.

Mais malgré ces réticences, Donald Trump et ses collaborateurs n’auront probablement pas d’autre choix que de faire quelques concessions. Même si Nvidia a réduit la voilure depuis son explosion boursière spectaculaire l’année dernière, elle reste fermement installée dans le top 5 des entreprises les plus capitalisées au monde. Elle joue donc un rôle important dans la domination économique si chère au gouvernement américain. Dans ce contexte, il sera intéressant de voir comment l’administration et Nvidia vont négocier ce virage délicat.

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