Le Superman Day bat son plein, mais l’homme d’Acier a trouvé plus fort que lui. Dans moins de dix ans, le super-héros tombera dans le domaine public. On fait le point sur les enjeux d’un tel bouleversement pour l’industrie du divertissement.
2034, la fin d’une ère
Créé en 1938 par Jerry Siegel et Joe Shuster, Superman a marqué le début de l’âge d’or des comics et s’est imposé comme le stéréotype du super-héros moderne. Oui mais voilà : propriété de DC Comics depuis ses premières aventures, le héros s’apprête à tomber dans le domaine public. Selon la législation américaine, les œuvres publiées avant 1978 tombent dans le domaine public 95 ans après leur première publication. Ainsi, dès le 1er janvier 2034, n’importe quel créateur, studio ou éditeur pourra utiliser librement le personnage de Clark Kent tel qu’il apparaissait dans Action Comics #1, sans avoir à demander l’autorisation de DC Comics ou Warner Bros, ni à leur verser de droits.
Superman n’est pas le seul concerné, puisqu’il sera suivi par Batman en 2035, le Joker en 2036 et Wonder Woman en 2037. La fin d’une exclusivité de près d’un siècle pour Warner Bros, qui a bâti une bonne partie de son empire sur ces figures iconiques.
Superman est libre… sous conditions
L’arrivée de Superman dans le domaine public ne signifie toutefois pas que toutes ses incarnations seront immédiatement libres de droits. Seule la version originale de 1938 sera concernée. À cette époque, Superman ne volait pas encore, il se contentait de sauter par-dessus les immeubles. La kryptonite n’a été introduite qu’en 1943, tandis que d’autres éléments majeurs de son univers, comme Lex Luthor ou le Daily Planet, sont apparus bien plus tard.
Ainsi, les créateurs indépendants pourront exploiter le Superman d’origine, mais devront attendre que chaque innovation ultérieure tombe à son tour dans le domaine public. On peut tout de même s’attendre à voir déferler des dizaines d’œuvres dérivées de l’Homme d’acier. Lorsque Mickey Mouse est tombé dans le domaine public l’année dernière, des films d’horreur et des jeux vidéo mettant en scène la souris emblématique ont été annoncés immédiatement après la levée des restrictions légales. Il faut s’attendre à un phénomène similaire pour Superman, en passe de devenir un mythe collectif de la pop culture, comme Dracula ou Frankenstein avant lui.
La stratégie bien rodée de DC et Warner
Face à cette échéance, DC et Warner Bros n’ont pas attendu pour déployer l’artillerie lourde. Depuis plus de vingt ans, les entreprises adaptent progressivement les caractéristiques du héros. L’objectif n’est pas seulement de faire évoluer Superman avec son temps, mais plutôt de faire en sorte que l’image actuelle du Kryptonien – ses costumes, ses pouvoirs, son univers – reste la version de référence dans l’esprit du public, tout en demeurant protégée par le copyright.
Parallèlement, Warner Bros a déposé de nombreux éléments distinctifs, comme le logo S de Superman ou le surnom Man of Steel, afin de limiter l’utilisation commerciale des versions modernes par des tiers. À la tête du DC Universe James Gunn et Peter Safran misent sur un reboot ambitieux et sur l’introduction de figures moins connues, pour maintenir l’intérêt et le contrôle sur l’univers. Un virage stratégique doit permettre à Warner Bros de continuer à capitaliser sur ses héros, même dans un contexte de concurrence accrue et de productions non officielles. Il faudra toutefois faire vite : DC n’a plus que dix ans pour imposer son univers étendu.
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