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Des chercheurs découvrent un trésor biologique dans une roche sud-africaine

Une équipe japonaise a identifié des micro-organismes vivants dans une roche âgée de plus de deux milliards d’année – une grande première qui pourrait aider les spécialistes à mieux comprendre l’origine de la vie sur notre planète.

Après avoir exhumé une roche âgée de plus de deux milliards d’années, une équipe de chercheurs japonais a eu l’immense surprise de constater qu’elle contenait une population de micro-organismes vivants. Un véritable trésor scientifique qui pourrait ouvrir de nouvelles avenues de recherche fascinantes.

L’objet en question est originaire du Complexe igné du Bushveld (CIB), une zone située dans le nord de l’Afrique du Sud qui est connue pour ses gisements de minéraux exceptionnellement riches. Pour l’anecdote, plus de 70 % du platine mondial provient de cette région à peu près aussi étendue que l’Irlande.

Cette profusion de ressources est directement liée à l’histoire géologique du CIB. Il y a environ deux milliards d’années, de violents épisodes volcaniques ont injecté un immense volume de lave chargée en fer et en magnésium dans la croûte continentale, formant une vaste couche géologiquement distincte. Ce matériel piégé s’est ensuite mis à refroidir lentement, conduisant à l’apparition de très nombreuses fissures.

C’est un point très important dans le cadre de ces travaux, car ces ruptures permettent à l’eau de circuler et constituent des refuges potentiels pour les micro-organismes. Ajoutez à cela le fait que le CIB est riche en minéraux à base de soufre, et vous obtenez un environnement chimiquement dynamique qui, en théorie, pourrait être propice à la prolifération de nombreuses formes de vie microscopiques. Une perspective enthousiasmante pour les chercheurs, et pour cause : jusqu’à présent, aucune forme de vie n’a jamais été retrouvée dans des roches âgées de plus de 100 millions d’années.

échantillon Roche Afrique Du Sud
© © Y. Suzuki, S. J. Webb, M. Kouduka et al. 2024/ Microbial Ecology

Grâce à l’aide de l’International Continental Scientific Drilling Program, une organisation à but non lucratif qui finance l’exploration de sites géologiques, les chercheurs de l’Université de Tokyo ont donc cherché à vérifier cette hypothèse. 15 mètres sous la surface, ils ont prélevé un échantillon d’une trentaine de centimètres de long qui a exaucé tous leurs vœux. En examinant les fractures de la roche, les auteurs de l’étude ont constaté qu’elles contenaient effectivement des amas de microbes tout ce qu’il y a de plus vivants.

Des microbes indigènes sans trace de contamination

Mais avant de crier victoire, il fallait encore confirmer leur origine. Puisque le CIB est constamment exploité par l’industrie minière, il était tout à fait possible que la présence de ces micro-organismes résulte d’une contamination par un système de forage.

Heureusement, il se trouve que cette même équipe avait déjà développé une technique spécifiquement conçue pour reconstituer l’histoire d’une souche microbienne sur la base de son ADN. Grâce à cet outil, les chercheurs ont pu confirmer qu’il s’agissait bien de microbes indigènes : tout indique qu’ils ont proliféré dans ces fractures, complètement isolés du milieu extérieur depuis des centaines de millions d’années. Une découverte spectaculaire qui pourrait nous forcer à reconsidérer des pans entiers de l’évolution de la vie sur Terre.

« C’est une découverte très excitante », se réjouit Yohei Suzuki, auteur principal de l’étude, dans un communiqué de l’université. « En étudiant l’ADN et les génomes de microbes comme ceux-ci, nous pourrions être en mesure de comprendre l’évolution de la vie très primitive sur Terre », explique-t-il.

Il en profite d’ailleurs pour mentionner un autre point qui rend cette découverte encore plus intéressante. En effet, le rover martien Perseverence est actuellement en train d’effectuer des prélèvements de roche à peu près aussi âgées que celle du CIB . Puisqu’on sait désormais que des formes de vie sont capables de proliférer dans ce genre d’environnement, il y a de quoi être optimiste par rapport au fait d’en trouver au moins quelques traces dans les échantillons martiens.

« Découvrir une vie microbienne dans des échantillons de la Terre datant d’il y a 2 milliards d’années et pouvoir confirmer avec précision leur authenticité me rend enthousiaste quant à ce que nous pourrions désormais trouver dans des échantillons de Mars », conclut Suzuki.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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