Dans un communiqué repéré par Space.com, la startup Axiom Space a annoncé qu’elle allait déployer les deux premières unités de son projet de datacenter orbital d’ici la fin de l’année.
Cette initiative a pour objectif de résoudre un problème global des sciences spatiales modernes. En effet, pour exploiter les données collectées par les engins parqués en orbite, comme les satellites d’observation, il faut commencer par les rapatrier sur Terre sous forme brute. Or, ces engins moissonnent d’immenses quantités de données, et ces activités nécessitent donc de mobiliser une grande quantité de bande passante.
Pour contourner le problème, de plus en plus d’entreprises souhaitent désormais traiter ce matériel directement dans l’espace. Après une observation, un satellite pourrait par exemple transmettre ses données brutes à un centre de stockage et de traitement orbital. Les chercheurs pourraient donc se contenter de télécharger des ensembles de données déjà traitées et donc moins volumineuses, allégeant ainsi la pression sur l’infrastructure réseau.
Axiom n’est pas la première entreprise à miser sur ce nouveau filon. Certains poids lourds de la tech et de l’aérospatiale ont déjà commencé à avancer leurs pions. On peut citer le géant européen Thales Alenia Space. En 2024, dans le cadre d’un partenariat avec Microsoft, la coentreprise franco-italienne a déployé un démonstrateur de ce genre, basé sur Azure, à bord de l’ISS pour tester la viabilité du concept.
Vers le premier data center orbital commercial
Mais à l’heure actuelle, il ne s’agit encore que d’une preuve de concept dans le cadre d’un projet pilote. Axiom, en revanche, semble déterminée à passer à la phase commerciale dans les plus brefs délais.
En effet, les deux satellites en question ont vocation à s’intégrer à un réseau de communication optique conçu par l’entreprise canadienne Kepler Communications, qui doit également être déployé à la fin de l’année. Cette infrastructure sera consacrée au traitement des grandes quantités de données collectées par les satellites d’observation terrestre. Et surtout, elle sera rapidement mise à disposition des premiers clients.
« Nos nœuds de centre de données orbital seront bientôt opérationnels », a déclaré Kam Ghaffarian, PDG, président exécutif et cofondateur d’Axiom Space, dans un communiqué. « Nous avons conclu des accords avec des utilisateurs du monde entier pour déployer des services cloud initiaux basés dans l’espace, et pas seulement des démonstrations de capacités. »
Il sera intéressant de voir si cette offre sera suffisamment attrayante, économiquement parlant, pour attirer de nombreux clients, car les enjeux sont plus importants qu’on pourrait le penser. Et pour cause : sur le long terme, l’objectif n’est pas seulement de gérer les données des engins spatiaux.
Des arguments de poids
De plus en plus d’analystes considèrent en effet qu’il serait intéressant de déporter l’ensemble des data centers dans l’espace. Cette idée pourrait sembler aberrante ; ce genre d’équipement nécessite beaucoup de maintenance, et il faut admettre que la perspective de devoir réaliser toutes ces opérations dans un environnement aussi hostile et difficile d’accès est extrêmement intimidante. Mais d’autres arguments suggèrent aussi qu’il ne s’agirait pas forcément d’une mauvaise idée.
Par exemple, un data center orbital bénéficierait aussi d’une exposition constante à la lumière du Soleil. Il pourrait donc être alimenté exclusivement à l’énergie solaire. En outre, le système pourrait théoriquement être refroidi entièrement à l’aide de radiateurs passifs. Cela éviterait de devoir investir des quantités d’énergie ahurissantes dans des systèmes de refroidissement actifs comme le font les data centers terrestres. Deux points tout sauf négligeables dans le contexte actuel.
Certes, il faudra surmonter des obstacles d’ingénierie très sérieux pour en arriver là. Mais Axiom semble convaincue qu’il s’agit d’une niche très prometteuse. Il pourrait même s’agir d’une nouvelle priorité pour la firme, qui s’est retrouvée dans une situation financière très précaire à cause de la stratégie discutable de son ancien PDG.
Rendez-vous dans quelques années pour voir si cette approche aura gagné en traction, ou si elle terminera au cimetière des fausses bonnes idées.
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