Annoncé en grande pompe l’an dernier, puis rapidement retiré face au tollé, la fonction Recall refait surface. Microsoft a relancé la fonction sur Windows 11 il y a quelques jours, mais uniquement pour une poignée d’utilisateurs inscrits au programme Windows Insider. L’objectif : tester une version révisée, avant une diffusion plus large. Sauf en Europe, où le déploiement est reporté à fin 2025, probablement en raison du cadre réglementaire plus strict.
Un retour timide sous surveillance
Recall enregistre automatiquement des captures d’écran toutes les quelques secondes, ce qui permet à l’utilisateur de remonter le fil de ses activités passées : sites web, fichiers, messages, images… À l’origine, l’idée était séduisante. Mais la première version du logiciel stockait les données en clair, sans chiffrement, et capturait aussi bien des numéros de carte bancaire que des messages privés. Autant dire que la polémique n’a pas tardé.
Microsoft affirme aujourd’hui avoir corrigé le tir : la fonction est désormais désactivée par défaut, nécessite une authentification via Windows Hello pour être consultée, et stocke les données localement sur l’ordinateur, sans transmission vers les serveurs de l’entreprise. Les captures ne sont plus enregistrées en texte brut, et il est possible d’exclure certaines applications ou de supprimer les images sauvegardées.
Malgré ces ajustements, la méfiance persiste. Des experts en cybersécurité rappellent qu’un simple accès au compte de l’utilisateur permettrait à un tiers malveillant de consulter des mois d’historique visuel. « Ce n’est pas seulement vous que Recall capture, mais aussi des informations d’autres personnes qui ne peuvent pas donner leur consentement », alerte Kris Shrishak, chercheur et défenseur de la vie privée.
En pratique, cela revient à enregistrer indéfiniment des messages censés disparaître, comme ceux envoyés via Signal ou WhatsApp. Microsoft, de son côté, se veut rassurant : les captures d’écran ne sont pas partagées, ni entre utilisateurs ni avec l’entreprise elle-même. Mais encore faut-il faire confiance à l’éditeur — et accepter que son propre ordinateur devienne un témoin silencieux de tout ce que l’on fait à l’écran.
Microsoft mise sur les capacités d’analyse de l’IA pour rendre Recall utile au quotidien : retrouver un site de shopping vu trois jours plus tôt, localiser un document ouvert il y a un mois… Mais les inquiétudes autour de la surveillance permanente restent vives. Car pour fonctionner, Recall doit littéralement tout observer.
Même s’il est possible de mettre la fonction en pause ou de la désactiver, l’image que véhicule l’outil reste problématique. Et son redéploiement progressif n’empêche pas les critiques de le qualifier de « spyware » déguisé. En attendant son arrivée (différée) dans l’Union européenne, il est au moins certain que Recall ne passera pas inaperçu.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités et sur notre WhatsApp. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.