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Elon Musk s’invite dans les coulisses du fisc américain

Le DOGE d’Elon Musk s’est installé dans les couloirs du fisc américain pour refondre son infrastructure informatique. L’objectif est de créer une méga-API qui permettrait d’accéder à toutes les données de l’IRS. Mais entre improvisation, licenciements massifs et flou juridique, le projet fait grincer bien des dents.

Le DOGE (Department of Government Efficiency), monté par Elon Musk avec des proches sous l’égide de Donald Trump, prépare un hackathon à Washington. L’idée ? Réunir les meilleurs ingénieurs du fisc américain (l’IRS) pour concevoir une méga-API, un point d’accès unique aux bases de données fiscales des États-Unis. On parle ici de noms, adresses, revenus, numéros de sécu… Bref, les infos les plus sensibles de millions d’Américains.

Un hackathon pour tout casser et tout reconstruire

Aux manettes : Sam Corcos, patron d’une startup santé avec des liens chez SpaceX, et Gavin Kliger, un ancien de Berkeley embauché en 2020. Ni l’un ni l’autre n’a d’expérience en fiscalité, ni dans l’administration, mais tous deux ont été propulsés à des postes clés dans les coulisses du Trésor et de l’IRS. Le ton est donné : Sam Corcos a déjà gelé les projets en cours et sabré 1,5 milliard de dollars dans le budget de modernisation. « On veut éviter la spirale de complexité », a-t-il expliqué sur Fox News.

Le projet va vite, peut-être trop vite. DOGE a mis en pause les systèmes existants pour créer une seule API « qui les remplacera tous ». Les ingénieurs de l’agence doivent tout réécrire en quelques semaines, alors que DOGE espérait initialement un an de travail. Pire : des dizaines de techniciens, dont le directeur cybersécurité, ont été mis à pied du jour au lendemain.

Et ce n’est pas tout. Une entreprise revient souvent dans les discussions : Palantir, cofondée par Peter Thiel (proche d’Elon Musk). Elle pourrait gérer une partie de l’API, ce qui pose des questions sur le rôle de prestataires privés dans un système censé protéger les données fiscales de tout un pays.

Aujourd’hui, l’IRS repose sur une multitude de systèmes isolés, avec des accès très limités. Le plan DOGE, lui, vise à tout regrouper dans une seule plateforme hébergée dans le cloud. Traduction : si une personne mal intentionnée parvient à y entrer, elle pourrait théoriquement aspirer toutes les données fiscales américaines. Et les recouper avec d’autres bases gouvernementales, au passage.

Des employés du fisc tirent la sonnette d’alarme. L’un d’eux parle d’une « porte grande ouverte sur les informations personnelles des Américains ». D’autres s’inquiètent de la compétence des responsables : « Ils découvrent tout en marchant. Même comprendre ces données, ça prendrait des années. »

Sur le papier, DOGE veut « moderniser » le fisc. Mais dans les faits, cela ressemble à une refonte express, opaque, menée à marche forcée, avec tous les risques que cela implique.

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Source : Wired

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