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Un message codé, une IA et un sacré raccourci : quand l’ANSSI se fait doubler par Grok

Ce devait être une opération de communication originale. Le 8 avril, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a publié un message codé en hexadécimal sur ses réseaux sociaux pour annoncer l’édition 2025 du France Cybersecurity Challenge (FCSC). Une manière ludique de s’adresser aux passionnés de cybersécurité, censés reconnaître et déchiffrer sans trop de peine cette suite de chiffres et de lettres.

Mais l’initiative a tourné court, comme l’a repéré Clubic. En quelques secondes, Grok — le modèle d’intelligence artificielle développé par xAI, l’entreprise d’Elon Musk — a déchiffré le message à la demande d’un internaute sur X (anciennement Twitter). Résultat : « Le FCSC démarre le 18 avril sur fcsc.fr! En attendant, rendez-vous sur Discord. » Une annonce somme toute banale, rendue accessible instantanément à n’importe qui, pour peu qu’il sache quoi demander à une IA.

Prouesse technique ou raccourci inquiétant ?

L’épisode a provoqué une série de réactions sur les réseaux sociaux. Beaucoup s’en amusent, comme ce commentaire moqueur : « Les gens qui utilisent des LLM pour lire de l’hexa, je suis certain qu’ils utilisent des tournevis plats pour dévisser du cruciforme. » D’autres pointent un recours excessif aux outils d’automatisation pour des tâches simples, jusqu’à remettre en question la participation de certains candidats au concours de l’ANSSI.

Grok Anssi

Mais au-delà de l’anecdote, un constat s’impose : ce qui relevait autrefois d’une compétence technique est désormais automatisable à la seconde. Lire de l’hexadécimal, comprendre le binaire, savoir manipuler des chaînes codées… ces savoir-faire étaient la base de nombreux métiers de l’informatique. Aujourd’hui, ils sont externalisables en un clic.

Cet incident soulève une question importante : dans un monde où l’intelligence artificielle peut tout faire — ou presque — que devient la compétence humaine ? La facilité d’accès à ces outils est une avancée incontestable. Mais elle fait aussi repenser la place du savoir, de l’effort et de l’apprentissage dans une époque d’assistance permanente. Et cela se pose aussi bien dans le domaine de la cybersécurité que dans celui de l’éducation.

Le danger n’est pas tant que Grok sache lire du code, mais que nous ne voyions plus l’intérêt de le comprendre nous-mêmes. La fracture ne sera peut-être plus entre ceux qui savent coder et ceux qui ne savent pas, mais entre ceux qui comprennent ce que font les IA… et ceux qui leur délèguent aveuglément.

Le France Cybersecurity Challenge, qui se tiendra du 18 au 27 avril, reste une étape importante pour les jeunes talents de la cybersécurité. Les meilleurs y décrocheront leur place pour représenter la France lors de l’European Cybersecurity Challenge, en octobre à Varsovie. Mais cette année, une nouvelle épreuve semble se dessiner : savoir encore quoi faire sans l’aide d’une IA !

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