La règlementation sur les PFAS est en train de changer, et il était temps. Le Parlement européen et les États membres ont acté une mesure historique pour la santé des enfants : d’ici 2030, les jouets contenant des substances chimiques dangereuses comme les PFAS seront interdits dans toute l’Union européenne. Les perturbateurs endocriniens, tels que le bisphénol A, sont également dans le viseur.
C’est quoi les PFAS ?
Les alkyls perfluorés et polyfluorés (PFAS), aussi surnommés “polluants éternels“, sont des composés chimiques utilisés depuis le milieu du XXe siècle pour leurs propriétés imperméabilisantes et antiadhésives. Ces substances, qui se décomposent extrêmement lentement, s’accumulent dans l’environnement et le corps humain. Elles sont présentes dans de nombreux objets du quotidien, allant des contenants alimentaires aux sextoys, en passant par les jouets pour enfants. Une surexposition à ces composés chimiques produit de graves effets sur la santé (cancers, troubles de la fertilité et du développement fœtal, cholestérol), rapportent les études.
Très médiatisés depuis quelques années pour leur présence dans les poêles en teflon et contenants alimentaires, les PFAS font déjà l’objet d’une restriction stricte en Europe. Restent que ces derniers ne faisaient pas l’objet d’une interdiction généralisée dans le secteur de la puériculture. Ces substances pouvaient ainsi être présentes dans les jouets comme les anneaux de dentition ou les jeux de bain, où elles risquent d’être ingérées ou absorbées par contact avec la peau ou la bouche.
Face à ces dangers, l’Union européenne a décidé de renforcer ses normes. Le nouveau règlement sur la sécurité des jouets interdira les PFAS et autres substances dangereuses, sauf si elles sont intégrées dans des composants inaccessibles aux enfants. Les parfums allergènes seront également bannis des jouets destinés aux moins de 36 mois.
Quatre ans pour s’adapter
L’interdiction complète prendra effet d’ici quatre ans et demi afin de laisser aux industriels le temps de s’adapter. Si l’initiative est inédite, beaucoup d’experts l’estiment encore insuffisante : le plus sûr serait en effet d’interdire ces substances dans tous les produits de consommation courante, peu importe leur usage final.
Pourquoi cette mesure est essentielle ?
Ce n’est plus à prouver, les PFAS et perturbateurs endocriniens représentent une menace sérieuse pour la santé. Leur présence dans le sang des enfants en Europe a été documentée par plusieurs études scientifiques. Outre leurs impacts sanitaires, ces produits chimiques posent un problème environnemental majeur. Leur persistance dans les sols et eaux contamine durablement notre écosystème.
Pour Marion Walsmann, eurodéputée allemande qui a porté le texte au Parlement, cette législation est cruciale non seulement pour protéger les enfants, mais aussi pour garantir une concurrence loyale avec des pays comme la Chine où les normes sont souvent moins strictes. Car c’est bien là tout l’enjeu : lorsque le texte sera approuvé, les produits en provenance de l’autre bout du monde ne pourront plus être commercialisés en Europe s’ils contiennent des PFAS. Il s’agira donc pour le marché international, de s’adapter durablement.
Une révision plus globale de la législation européenne sur les substances chimiques est attendue d’ici fin 2025. Elle pourrait élargir encore davantage ces restrictions à d’autres catégories de produits. Avec cette interdiction prévue pour 2030, l’Europe affirme encore son rôle de précurseur sur la question des polluants éternels. Reste à voir si le reste du monde sera prêt à suivre le mouvement.
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