Depuis 2018, une loi interdit déjà l’utilisation des téléphones portables dans les écoles et collèges, mais elle se limitait à exiger que les appareils restent éteints et rangés dans les sacs. Comme il fallait s’en douter, dans la pratique, cette règle était souvent contournée. Avec la généralisation de la pause numérique initiée par la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne, les collégiens devront désormais déposer leurs téléphones dans des casiers ou des pochettes sécurisées à leur arrivée et ne les récupéreront qu’en fin de journée.
Des premiers tests encourageants
Cette interdiction totale découle d’une expérimentation menée en 2024 dans 180 collèges, impliquant environ 50 000 élèves. Les retours ont été largement positifs : amélioration du climat scolaire, réduction des distractions en classe et diminution des incidents liés au harcèlement scolaire. Ces résultats ont convaincu le gouvernement de franchir le pas et de généraliser la mesure dès la rentrée prochaine.
Élisabeth Borne a également souligné que cette décision s’inscrit dans un contexte où l’usage excessif des écrans est de plus en plus critiqué pour ses effets néfastes sur la santé mentale et physique des jeunes. Une mesure “essentielle pour le bien-être et la réussite académique de nos enfants“, estime le gouvernement.
L’interdiction des smartphones au collège vise plusieurs objectifs. D’abord, limiter les distractions en classe pour favoriser la concentration et l’apprentissage. Ensuite, réduire les risques de cyberharcèlement, amplifié par l’accès constant aux réseaux sociaux. Enfin, prévenir les tensions liées aux inégalités matérielles entre élèves, comme le racket ou les vols de téléphones. Tout un programme.
Un défi logistique et financier
La mise en œuvre de cette mesure soulève toutefois plusieurs questions pratiques. Qui sera chargé de vérifier que tous les téléphones sont bien déposés ? Comment garantir la sécurité des appareils stockés dans les établissements ? Et surtout, qui financera l’installation des casiers ou des pochettes sécurisées nécessaires ? Les départements, responsables du financement du matériel scolaire, ont déjà exprimé leurs réticences face à ces coûts supplémentaires.
Aussi, si la mesure gouvernementale a reçu le soutien d’une majorité de parents et d’enseignants, certains experts restent sceptiques quant à son efficacité réelle. Une étude menée par l’Université de Birmingham a conclu que l’interdiction des téléphones n’améliorait ni les notes ni le comportement des élèves en classe. Les chercheurs recommandent plutôt une approche globale visant à réduire le temps d’écran en dehors du cadre scolaire. Certains syndicats critiquent une mesure qu’ils jugent déconnectée des véritables enjeux éducatifs, où le danger lié à l’usage incontrôlé du smartphone provient plutôt du cadre privé, hors de l’enceinte scolaire.
La généralisation de la pause numérique marque un tournant dans la gestion des nouvelles technologies à l’école. Reste à voir si cette interdiction parviendra à tenir ses promesses sur le terrain, ou si elle nécessitera des ajustements pour répondre aux défis pratiques et pédagogiques qu’elle soulève.
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