Le Marathon de Paris se tient ce week-end, pour l’occasion nous avons eu la chance d’échanger avec Nicolas Spiess, co-fondateur de la plateforme d’entraînement en ligne Campus COACH. Ce service, utilisé par des milliers de personnes en France, Belgique, Suisse et même au Canada, a gagné en popularité ces dernières années, poussé par un engouement croissant autour de la course à pied.
Mais avant de se matérialiser sous le nom Campus COACH, les activités de Nicolas Spiess étaient déjà liées de près ou de loin à cette discipline. Depuis près de 15 ans, il alimente son blog, Running Addict. C’est cette activité, initialement bénévole, qui lui donne envie de créer Campus COACH. Il est alors aidé par sa compagne, Elodie, un associé Tristan (connu sur YouTube pour la chaîne ironuman) et Jonathan.
JDG : S’il fallait résumer l’expérience Campus à un néophyte ?
N.Spiess : Campus permet à des athlètes de répondre à leurs questions, avant même qu’ils se les posent. En faisant ça, on enlève une grosse quantité de stress et ils prennent plus de plaisir dans leurs pratiques. En s’entraînant de cette façon, ils ont beaucoup plus de chance d’atteindre leur objectif, quels qu’ils soient.
Comment avez-vous eu l’idée de créer Campus Coach ?
Avec mon blog j’ai commencé à répondre aux questions des internautes. Je faisais des plans d’entraînement très généraliste en PDF, et j’ai lancé une newsletter. Rapidement j’ai atteint les 5000 abonnés (gratuits ndlr), j’ai compris qu’il y avait une demande, il fallait en faire quelque chose. C’est là que j’ai imaginé les bases de Campus.
À quoi ressemble l’entreprise aujourd’hui ?
On est une cinquantaine de collaborateurs. L’objectif c’est de proposer un plan d’entraînement personnalisé pour tous les profils de coureurs. Les athlètes confirmés, qui veulent performer, doivent trouver leur bonheur, au même titre que les débutants. Aujourd’hui on a plus de 1500 plans de référence pour personnaliser l’expérience.

L’expérience Campus va au-delà d’un simple plan d’entraînement ?
On essaye de pousser le côté communautaire au maximum. On est une application, mais qui se veut la plus humaine possible. On propose un vrai accompagnement, avec des conseils comme on pourrait en recevoir dans un club d’athlétisme classique.
Nous avons d’ailleurs une trentaine de groupe de courses, des gens qui suivent un entraînement avec Campus et qui se retrouvent pour courir ensemble. Il y en a un peu partout en France, en Suisse, en Belgique et même à Montréal.
Vous proposez même des webinaires ?
Tout à fait. On pense qu’il faut que les utilisateurs de Campus comprennent l’envers du décor. Si leur entraînement est fait ainsi, ce n’est pas pour rien. Derrière, il y a des études scientifiques, des connaissances et des méthodes qui ont été éprouvées empiriquement.
On ne sort pas un plan d’entraînement de notre chapeau magique, avec ces webinaires on essaye de transmettre quelques notions. L’idée est de mettre du sens derrière chaque entraînement, c’est toujours plus simple de faire des choses quand on sait pourquoi.

La course à pied est un sport très à la mode, notamment sur les réseaux sociaux, en avez-vous conscience chez Campus ?
À titre personnel je cours depuis 15 ans, et effectivement j’ai vu une hausse des pratiquants. Beaucoup de personnes parlent d’un « effet Covid », mais pour moi c’est même antérieur. Dès 2018-19 on voyait les prémices de cette explosion. Le Covid a eu un rôle d’accélérateur. Il a amené des gens à la course à pied c’est indéniable, mais ils auraient fini par tomber dedans un jour ou l’autre.
N’avez-vous pas peur de perdre des utilisateurs dans les prochaines années, quand la course à pied sera « passée de mode » ?
Je ne pense pas, car il n’existe pas vraiment de « bulle » de la course à pied. J’imagine mal les gens arrêter du jour au lendemain. Par contre, la recherche de performance risque de passer au second plan. Les gens ne vont plus courir pour les mêmes raisons, mais ils auront toujours une activité physique.
Nous, ça ne nous dérange pas du tout. On n’a pas la prétention de former les prochaines générations olympiques. Si on arrive à sortir une personne de la sédentarité, en lui faisant prendre goût au sport, on a déjà gagné.

Vous avez de plus en plus de concurrents, dont de grands groupes, comment arrivez-vous à vous positionner ?
Je ne les appellerai pas concurrents. Honnêtement, ces applications sont même bénéfiques pour nous. Elles servent de « premier palier ». Les gens vont vouloir se mettre à la course à pied, ils vont installer une de ces applications gratuites, et si ce sport leur plaît, ils vont en vouloir plus. C’est là que nous arrivons.
En proposant une expérience personnalisée, communautaire, on fait vraiment la différence. Nous avons vraiment deux objectifs très différents. Ces applications vont fonctionner au départ en « one-shot » alors que nous avons une vision beaucoup plus long terme. Nous voulons garder nos abonnés pendant plusieurs années, en y mettant de l’humain et avec des plans différents d’une préparation à l’autre.
Justement, cette personnalisation, comment se matérialise-t-elle ?
Il y a deux grands points que l’on regarde pour travailler. Le premier ce sont les données factuelles. La fréquence cardiaque pendant l’entraînement, mais aussi s’il réussit son entraînement ou s’il « bâche » (vocabulaire propre à la course à pied pour parler d’un entraînement raté, ndlr). Enfin on regarde s’il atteint l’objectif fixé, et on compare les profils. Pourquoi tel athlète arrive-t-il à battre son record, et pas un autre ?
Généralement ces réponses, on les trouve dans le deuxième grand ensemble de données que nous avons, le retour des utilisateurs. Après chaque entraînement, ils donnent leur ressenti. Ils sont transparents et ça nous aide beaucoup. On comprend qu’un entraînement a été raté, non pas parce qu’il n’est pas adapté, mais à cause d’autres contraintes, généralement extérieures, professionnelles, personnelles ou que sais-je.
Cela nous permet de proposer des alternatives, et de nous adapter. Nous sommes là depuis 5 ans, mais on a encore beaucoup à apprendre. On reste très humble dans notre façon d’étudier la course à pied, il n’y a pas deux profils identiques.
Comment voyez-vous la suite pour Campus ? Il y a une demande pour d’autres sports, est-ce un projet ?
Je sais que les utilisateurs attendent une ouverture au vélo, ou même au triathlon — Tristan Pawlak, co-fondateur de campus est coach professionnel et triathlète confirmé) — mais ce n’est pas prévu pour le moment. Depuis le lancement de l’application, je dis à mes équipes qu’on ne doit pas se diversifier.
Si on veut devenir les meilleurs, on ne peut pas regarder ailleurs. Aujourd’hui on se base beaucoup sur l’empirisme, sur des études scientifiques, et sur les conseils de nos coachs professionnels. Mais on a encore beaucoup à apprendre, notamment sur les mécanismes d’individualisation. On a une équipe de recherche et développement qui fait un travail formidable là-dessus. Grâce à notre expérience et notre base de données, on peut développer des algorithmes très performants, pour offrir une personnalisation ultra poussée.
Cette année, des dizaines de coureurs vont prendre le départ du marathon de Paris, accompagné depuis des semaines par un plan d’entraînement construit sur mesure par Campus. Si vous voulez tenter l’expérience à votre tour, installez l’application ici.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités et sur notre WhatsApp. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.