Depuis leur introduction en 2018, les compteurs Linky divisent l’opinion. Si Enedis vante leur utilité pour la transition énergétique, une partie des Français les perçoit comme intrusifs et même potentiellement nocifs (rappelons qu’aucune preuve de cette nocivité n’a encore été démontrée). Ces derniers mois, le déploiement des compteurs intelligents s’était accéléré, avec la prévision d’une taxe supplémentaire pour les opposants au dispositif. Le mois dernier pourtant, un jugement du tribunal administratif de Lyon a marqué un tournant stratégique, en reconnaissant officiellement le droit d’un particulier à refuser leur installation.
Une victoire pour les opposants au Linky
Au cœur de cette affaire, on retouve Pierre Cascina, un habitant de la Loire qui estime avoir vu sa vie bouleversée après l’installation d’un compteur Linky en 2022. Souffrant d’insomnies sévères et de migraines persistantes, il a attribué ces troubles aux ondes électromagnétiques émises par l’appareil. Malgré ses demandes répétées auprès d’Enedis pour retirer le compteur, ses plaintes sont restées lettre morte. L’homme a finalement porté l’affaire devant la justice. Le tribunal administratif de Lyon lui a donné raison, ordonnant à Enedis de remplacer le compteur par un modèle classique. Ce jugement repose sur une application innovante du principe de précaution : bien que l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé reste incertain scientifiquement, les juges ont estimé que la souffrance subjective du plaignant constituait un argument recevable.
Pourquoi c’est important ?
Cette décision crée un précédent juridique majeur qui pourrait ouvrir la voie à des milliers d’autres recours similaires. Selon des associations comme Stop Linky 5G Loire, plus de 1 200 dossiers seraient déjà en préparation. Pour Enedis, c’est un sérieux revers. L’entreprise défend son programme comme essentiel à la transition énergétique, promettant une réduction des émissions de CO₂ grâce à une meilleure gestion des réseaux électriques. Elle souligne aussi que malgré les inquiétudes persistantes, ses compteurs respectent les normes européennes sur les ondes électromagnétiques (30 V/m, bien en dessous du seuil autorisé de 87 V/m).
Reste que les arguments techniques avancés par Enedis peinent à convaincre les détracteurs du projet. Une étude récente menée par l’INSERM révèle que 67 % des Français souhaitent davantage de protection contre les rayonnements artificiels dans leur environnement domestique. Ces préoccupations reflètent une méfiance généralisée envers les technologies connectées, le boîtier vert en première ligne.
Un effet boule de neige à prévoir
Cette victoire judiciaire pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dans la régulation des infrastructures technologiques en France. D’abord parce qu’elle remet en question l’obligation d’accepter des équipements connectés dans son foyer. Ensuite, parce qu’elle pourrait forcer Enedis à adapter sa stratégie face à l’opposition de certains foyers. Le gouvernement a annoncé la tenue d’un audit pluridisciplinaire en juin 2025 pour évaluer les impacts sanitaires et sociaux des compteurs communicants. Si cette décision est saluée comme une victoire par les opposants au Linky, Enedis n’a pas dit son dernier mot.
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