La Suède, souvent citée comme modèle dans la lutte contre la prostitution, pourrait bientôt entrer dans une nouvelle ère de répression contre les travailleurs et les travailleuses du sexe. Le gouvernement propose d’interdire l’achat de services sexuels à distance, comme les prestations sur webcam, les vidéos personnalisées ou les contenus OnlyFans. Sans surprise, l’idée divise.
Interdire le travail du sexe numérique, mais pourquoi ?
Pour les travailleurs du sexe, cette proposition est vécue comme une attaque directe contre leur activité. Elle pourrait en effet conduire à la perte partielle ou totale de leurs revenus, sur un marché ou les prestations sexuelles dématérialisées sont devenues monnaie courante. Plus qu’une simple question financière, l’interdiction du télétravail du sexe pourrait mettre en danger les principales personnes concernées. Pour beaucoup, le travail sexuel en ligne offre un environnement bien plus sécurisé que la prostitution traditionnelle. Un changement de paradigme pourrait accélérer le retour d’une prostitution plus traditionnelle, où les TDS sont exposés à des risques physiques bien réels.
Si la loi passe, certains envisagent de quitter la Suède pour poursuivre leurs activités à l’étranger. Car c’est bien là toute la limite de ce projet de loi. Il sera difficile pour le pays d’interdire la prostitution en ligne, si les plateformes situées hors de ses frontières ne sont pas soumises aux mêmes règlementations.
Et en France, on fait quoi ?
En France, le modèle nordique est déjà en place depuis 2016 : payer pour des services sexuels physiques est illégal, avec des amendes allant jusqu’à 3750 € pour les clients récidivistes. Mais le numérique reste un territoire flou. Si la Suède adoptait cette extension législative, cela pourrait inspirer des débats similaires chez nous.
Reste que la loi française sur la prostitution a déjà ses détracteurs. Beaucoup dénoncent ses effets pervers : précarisation des travailleurs du sexe, conditions de travail plus dangereuses et marginalisation accrue. Étendre ces interdictions au numérique pourrait aggraver ces problèmes et pousser les créateurs vers des plateformes non réglementées ou illégales. Reste aussi la question de l’impact économique. Si des géants comme OnlyFans décidaient de bloquer les créateurs français pour éviter tout risque juridique, cela pourrait priver ces derniers d’une source de revenus importante. Une situation qui risque de mettre encore plus de pression sur un secteur déjà fragile.
Le casse-tête du travail sexuel numérique
La proposition suédoise soulève une vraie question : où tracer la ligne entre exploitation sexuelle et liberté individuelle ? Les prestations numériques se déroulent sans contact physique et sont souvent perçues comme une alternative plus sûre par ceux qui les pratiquent. Mais leur criminalisation pourrait renforcer la stigmatisation autour du travail sexuel et limiter les opportunités économiques des créateurs.
Pour les militants abolitionnistes, c’est une avancée nécessaire pour lutter contre l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes. Pour d’autres, c’est une intrusion injustifiée dans un espace où beaucoup de travailleurs du sexe ont trouvé indépendance et sécurité. Sur la question du travail du sexe, la Suède a souvent été un laboratoire législatif pour d’autres pays européens. Si cette loi passe, elle pourrait influencer le débat en France et ailleurs.
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