En février 2024, le CERN a présenté un projet particulièrement ambitieux : construire un nouvel accélérateur aux proportions encore plus exceptionnelles que celles de son LHC, le collisionneur de particules le plus performant de la planète à l’heure actuelle. Une idée qui n’a pas franchement fait l’unanimité et suscité des protestations véhémentes… mais qui semble désormais « en bonne voie » selon l’institution.
Si le projet a rencontré une opposition significative, c’est en grande partie à cause des proportions pharaoniques du chantier. Le plan du CERN consiste en effet à creuser un tunnel circulaire de plus de 90 kilomètres de long à cheval sur la frontière franco-suisse, à une profondeur moyenne d’environ 200 mètres.

Ce défi d’ingénierie gigantesque, dont la facture est estimée à plus de 15 milliards d’euros, suscite de sérieuses réticences du côté des associations écologistes, qui s’inquiètent par rapport à l’impact de cette infrastructure sur l’environnement. Les riverains sont aussi préoccupés ; France Bleu cite notamment un éleveur local qui s’inquiète de voir le CERN « prendre 5 hectares » de son exploitation.
Et même tous les chercheurs ne semblent pas convaincus. Le physicien Olivier Cepas, interviewé par l’AFP, a par exemple estimé qu’il serait plus raisonnable de se miser sur des projets plus petits et raisonnables que cet accélérateur au « prix financier, écologique et de fonctionnement faramineux ».
Le projet « sur la bonne voie »
Mais dans son dernier rapport, le CERN maintient sa position. Pour Fabiola Gianotti, directrice de l’institution, le projet est une condition sine qua non pour que l’Europe puisse maintenir son leadership mondial dans le domaine de la physique. Elle a également assuré à l’AFP que le projet était désormais « absolument sur la bonne voie », juste après la publication d’une étude de faisabilité qui n’a identifié « aucun obstacle technique majeur ».
Une bonne nouvelle pour l’autre camp, celui qui attend avec impatience la construction de ce béhémoth susceptible de repousser les limites de la physique fondamentale. En effet, la première mission du FCC sera notamment de se pencher de plus près sur le boson de Higgs, la fameuse « particule de Dieu » qui a fait (et continue de faire) l’objet d’une fascinante quête scientifique.
Ce minuscule objet regorge d’implications qui vont bien au-delà de la science pure. Les spécialistes le suspectent en effet d’être directement responsable des mécanismes qui ont permis à toutes les particules élémentaires constituant notre Univers d’acquérir leur masse. Sans lui, la matière structurée telle qu’on la connaît, fondation sur laquelle est construit l’ensemble de la chimie et de la physique, n’existerait pas. Son étude pourrait donc permettre de répondre à certaines des questions les plus importantes de la science moderne, avec des retombées potentiellement colossales dans de très nombreux domaines.
La délicate question du financement
On peut donc s’attendre à ce que le projet continue de susciter des débats de plus en plus virulents à l’approche des premières échéances concrètes. La question du financement, en particulier, risque de générer des frictions importantes — même si le CERN affirme pouvoir assumer plus de 70 % du coût total. En tant que premier contributeur du CERN, l’Allemagne avait notamment émis quelques réserves par rapport au prix astronomique du projet l’année dernière.
Il conviendra donc de garder un œil sur ces débats qui vont sans doute prendre une tournure plus économique, sociale, réglementaire et même politique sur les prochains mois, car les conclusions qui vont en émerger vont avoir un impact très concret sur le futur de la recherche scientifique de pointe en Europe.
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