On parle souvent du changement climatique en termes de canicules, d’inondations ou de banquises qui fondent. Mais une étude récente, publiée dans Nature Sustainability par une équipe du MIT, met en lumière un effet moins visible : la contraction de la haute atmosphère. En cause, l’augmentation des gaz à effet de serre qui modifient la façon dont notre planète emmagasine et libère la chaleur.
Un espace de plus en plus encombré
« Quand on augmente les gaz à effet de serre, ils emprisonnent la chaleur dans la troposphère (la couche où nous vivons), mais refroidissent les couches supérieures, comme la stratosphère et la thermosphère », explique William Parker, chercheur en aéronautique au MIT. Or, la thermosphère joue un rôle crucial : elle ralentit les débris spatiaux jusqu’à ce qu’ils finissent par retomber sur Terre. Moins de frottement, c’est plus de débris qui flottent longtemps et donc plus de risques de collisions.
D’après les simulations du MIT, la capacité d’accueil des satellites en orbite basse pourrait chuter de 50 à 66 % d’ici 2100. Un sacré embouteillage en perspective alors que les satellites en orbite basse se multiplient pour les services d’accès à internet type Starlink.
Aujourd’hui, plus de 10.000 satellites tournent autour de la Terre, un chiffre qui ne cesse d’exploser avec l’essor des méga-constellations comme Starlink. En 2023, le nombre de satellites actifs a grimpé de 35 %.
Problème : avec moins de frottement atmosphérique, les débris restent en orbite beaucoup plus longtemps. « Sans atmosphère, les débris mettraient une éternité à disparaître », prévient Parker. Et qui dit débris dit collisions en cascade, avec le risque de transformer certaines zones en champs de mines spatiaux.
Un scénario catastrophe pourrait même se profiler : trop de collisions générant trop de débris, au point de rendre certaines orbites impraticables. Ce phénomène, appelé « instabilité en cascade », est une vraie menace pour l’avenir des missions spatiales.
L’étude insiste sur la nécessité d’anticiper le problème. Ralentir les émissions de gaz à effet de serre pourrait limiter la contraction de l’atmosphère, mais ce n’est pas la seule solution. « Ces cinq dernières années, on a envoyé plus de satellites qu’au cours des 60 précédentes », rappelle William Parker. Une meilleure gestion du trafic spatial et du recyclage des satellites pourrait éviter qu’on ne transforme l’orbite basse en décharge flottante.
En parallèle, des solutions technologiques commencent à émerger pour limiter l’accumulation des débris. Des projets comme les satellites équipés de filets ou de bras robotisés pourraient permettre de récupérer les épaves spatiales avant qu’elles ne deviennent dangereuses. D’autres approches misent sur des satellites conçus pour se désintégrer plus rapidement une fois leur mission terminée. Mais pour éviter un embouteillage galactique, il faudra aussi instaurer des règles plus strictes sur la mise en orbite et la gestion de fin de vie des satellites.
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