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Qu’est-ce que cette étrange spirale bleue apparue dans le ciel européen ?

Spoiler : il ne s’agit pas d’une galaxie ni d’un portail dimensionnel ouvert par des extraterrestres.

Dans la nuit du 24 mars, une étrange spirale bleutée est apparue dans le ciel européen, suscitant une montagne de réactions étonnées de la part des observateurs. Mais de quoi s’agissait-il, exactement ? Un consensus semble désormais avoir émergé parmi les experts — et au risque d’en décevoir certains, il ne s’agit sans doute pas d’un portail interdimensionnel ouvert par des extraterrestres.

Peu après l’apparition de cet objet, dans la soirée du 24 mars, les réseaux sociaux ont été pris d’assaut par des témoins qui y sont chacun allés de leur petite spéculation. Certains ont immédiatement affirmé, le plus souvent avec humour, qu’il s’agissait d’un « portail vers un autre monde », potentiellement ouvert par des visites intergalactiques en vadrouille dans notre coin du cosmos.

Certainement pas une galaxie

D’autres internautes plus terre-à-terre ont également suggéré qu’il pourrait s’agir d’une galaxie. Une réaction compréhensible, dans la mesure où l’apparence de cet objet rappelle celle des galaxies en spirale comme notre propre Voie lactée. Une hypothèse rapidement écartée par d’autres observateurs plus expérimentés en astronomie à cause du mouvement de l’objet, complètement incompatible avec la piste de la galaxie.

Et même si le phénomène était resté parfaitement immobile, l’interprétation serait la même. En se basant sur la taille de l’objet, on peut calculer que pour être ainsi visible dans le ciel, une telle galaxie devrait être positionnée à une poignée d’années-lumière de la Terre.

Même s’il s’agit d’une distance importante dans l’absolu, cela reste proche dans le contexte de l’astronomie ; on reste dans ce qu’on appelle le groupe local, l’amas de galaxies auquel appartiennent la Voie lactée ou encore Andromède. Or, ce groupe local est aujourd’hui très bien documenté. Les chances qu’une toute nouvelle galaxie jamais observée auparavant se montre de manière aussi spectaculaire sans prévenir sont donc complètement nulles.

Une « spirale SpaceX » spectaculaire

D’autres observateurs ont donc argué que le phénomène était sans doute lié de près ou de loin à un objet artificiel construit par l’humanité, comme un satellite. Et ils n’étaient probablement pas si loin de la vérité. L’explication la plus probable, c’est qu’il s’agisse de ce qu’on appelle aujourd’hui une « spirale SpaceX », en référence à l’entreprise d’Elon Musk.

Les fusées de la famille Falcon 9 sont en effet constituées de deux étages : le booster réutilisable, conçu pour rentrer sur Terre, et le deuxième étage qui embarque la charge utile. Les deux parties se séparent peu après le décollage, au terme de la première phase de l’ascension. À ce moment, le booster entre en rotation et se débarrasse d’une partie du carburant restant avant d’entamer son retour vers la surface. Cela permet d’équilibrer la pression dans le système de propulsion et d’optimiser la répartition de la masse dans le véhicule, afin que la descente se déroule dans les meilleures conditions possibles.

Un lancement de Falcon 9
© SpaceX

À cause de la rotation du booster, ce largage crée un motif en forme de spirale, un peu comme l’eau propulsée par un arroseur automatique. Or, la séparation se déroule typiquement à une altitude d’environ 90 kilomètres, près de la frontière de l’atmosphère. Ces ergols liquides, déjà conservés à très basse température dans les réservoirs, congèlent donc instantanément. Ils se transforment alors en cristaux qui réfléchissent fortement la lumière, d’où le fait que la structure semble briller de mille feux. Et puisque l’atmosphère est extrêmement peu dense à cette altitude, la spirale ainsi générée peut conserver sa forme pendant une longue durée et continuer de suivre la trajectoire initialement décrite par le véhicule.

À l’heure actuelle, ces spirales restent relativement rares, surtout au-dessus du sol européen. Mais puisque SpaceX ne cesse d’augmenter la cadence de ses lancements, il y a fort à parier qu’elles deviendront de plus en plus fréquentes ces prochaines années. Une bonne nouvelle pour les photographes… mais pas forcément pour les astronomes, qui sont de plus en plus inquiets par rapport à l’impact de la pollution visuelle sur les opérations de leurs télescopes.

 

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Source : Met Office

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