C’est un nouveau scandale qui frappe Meta cette semaine. Sarah Wynn-Williams, ancienne employée de Facebook vient tout juste de publier un livre à charge contre son ancien employeur, baptisé Careless People : A story of where I used to work (qui se traduirait par Les gens insouciants : une histoire sur l’endroit où j’ai travaillé). Malgré les efforts juridiques de Meta pour étouffer sa diffusion, le livre domine les classements littéraires américains.
Careless People, ça parle de quoi ?
L’ouvrage publié chez Mcmillan s’attèle à lever le voile sur les dérives présumées du géant des réseaux sociaux. Sarah Wynn-Williams a occupé un poste stratégique chez Facebook entre 2011 et 2017, une période charnière marquée par l’expansion mondiale du réseau social, le scandale Cambridge Analytica, et les premières interrogations sur la modération des contenus. Dans Careless People, elle décrit une culture d’entreprise obsédée par la croissance, où les considérations éthiques seraient systématiquement reléguées au second plan. Selon accusations, les dirigeants, dont Mark Zuckerberg, auraient priorisé l’engagement utilisateur coûte que coûte, même lorsque des algorithmes amplifiaient des contenus haineux ou la désinformation.
L’ouvrage relate également des réunions internes où les avertissements des équipes sur les risques des outils comme les Likes auraient été ignorés. Un passage accuse notamment Meta d’avoir sciemment minimisé l’impact de ses algorithmes sur la polarisation politique des élections de 2016. Au-delà des révélations, le livre interroge l’absence de remise en question au sein de l’entreprise. Wynn-Williams explique que les employés dénonciateurs étaient marginalisés, voire poussés vers la sortie, grâce à des accords de confidentialité stricts. Ces clauses, signées en échange d’indemnités de départ, qui constituent selon elle une “stratégie systémique pour étouffer les voix critiques“.
Meta étouffe l’affaire, et se plante
Dès le 7 mars 2025, Meta a saisi l’International Center for Dispute Resolution pour bloquer la publication du livre, invoquant une violation de clause de confidentialité. Le 12 mars, un arbitre a partiellement donné raison à l’entreprise en interdisant à l’autrice de promouvoir son livre. Pourtant, cette décision est arrivée trop tard : 60 000 exemplaires (physiques, numériques et audio) s’étaient déjà écoulés en une semaine, propulsant l’essai en tête du classement du New York Times et à la 4e place des ventes globales d’Amazon aux États-Unis.
Face aux accusations, Meta a réagi par un démenti catégorique, qualifiant le livre de “recueil d’affirmations inexactes et partiales“. Dans un communiqué, le groupe a insisté sur ses “valeurs d’intégrité et de responsabilité“, sans toutefois contester point par point les révélations. Cette posture a été perçue comme une tentative de détourner l’attention, sans réellement apporter de preuves concrètes pour démentir les accusations. Problème : en s’attaquant juridiquement au livre, Meta a cristallisé l’intérêt du public. Les médias, initialement modérés dans leur couverture, ont amplifié le sujet dès l’annonce des procédures juridiques de Meta, s’interrogeant sur les raisons de cette censure.
Un effet Streisand qui a finalement conduit l’ouvrage à connaître une vaste opération de communication. Ironie du sort, c’est sur les plateformes de Meta que la polémique a trouvé écho. Des milliers d’utilisateurs ont partagé des extraits du livre, accompagnés du hashtag #CarelessMeta. D’anciens employés ont publiquement soutenu Wynn-Williams, confirmant des pressions similaires pour faire taire des inquiétudes éthiques.
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