Google est une nouvelle fois dans le collimateur de la Commission européenne. Bruxelles a dévoilé deux accusations préliminaires contre l’entreprise, estimant qu’elle ne respecte pas le règlement sur les marchés numériques (DMA), la loi européenne entrée en vigueur en mars 2024 pour limiter les abus des très grandes plateformes.
Des résultats Google biaisés ?
Premier reproche : Google favoriserait ses propres services dans les résultats de recherche. Shopping, hôtels, résultats sportifs ou encore réservations de transport seraient mis en avant de façon plus visible et plus attrayante que ceux des concurrents. Cela passerait notamment par des encadrés enrichis ou des filtres plus pratiques — des éléments qui captent l’attention de l’utilisateur dès la première page.
« Notre point de vue initial, c’est qu’Alphabet ne joue pas le jeu dans Google Search », explique Teresa Ribera, commissaire à la concurrence. « Les services de l’entreprise sont plus visibles, mieux mis en valeur, ce qui fausse la concurrence. » Une pratique interdite par le DMA, qui impose un traitement équitable entre les services du géant et ceux des autres acteurs du marché.
Le problème, c’est que Google avait pourtant soumis des modifications censées corriger ces biais. Mais selon Bruxelles, ces ajustements sont insuffisants. La Commission s’appuie sur les retours d’ateliers organisés avec d’autres entreprises du secteur pour étayer son avis.
Deuxième point sensible : le Play Store, la boutique d’applications de Google sur Android. Ici, la Commission estime que les développeurs n’ont pas la liberté d’informer les utilisateurs sur d’autres moyens de paiement, souvent moins chers, en dehors du Play Store.
Certes, le règlement n’interdit pas à Google de prélever une commission lorsqu’un utilisateur découvre une app via sa boutique. Mais selon la Commission, les frais réclamés sont excessifs et s’appliquent sur une période beaucoup trop longue. En clair : une fois qu’un utilisateur passe par le Play Store, Google continue de toucher sa part sur toutes ses transactions, même longtemps après.
« Les développeurs doivent pouvoir orienter les utilisateurs vers des offres moins chères, c’est aussi simple que ça », résume Henna Virkkunen, vice-présidente pour la souveraineté technologique de l’UE.
Ces accusations ne sont pas encore définitives. Google peut encore répondre par écrit et tenter de convaincre Bruxelles. Mais si la Commission confirme ses positions, l’amende pourrait grimper jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise. Et pour un groupe qui a généré plus de 350 milliards de dollars l’an dernier, la note pourrait dépasser les 35 milliards. L’Union européenne affiche donc sa volonté d’appliquer ses règles, quitte à affronter des pressions extérieures. Reste à voir comment Google va réagir… et l’administration Trump.
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