Les jeunes générations sont-elles vouées à devenir de plus en plus bêtes avec le temps qui passe ? Cette question, régulièrement brandie par les aînés pour appuyer leur théorie du “c’était mieux avant” trouve aujourd’hui un écho dans la recherche scientifique. Certaines études internationales documentent une baisse inquiétante des capacités cognitives à l’échelle mondiale, phénomène qui précède la pandémie de Covid-19 et semble s’accélérer avec le temps.
La faute aux réseaux sociaux ?
En 2018, les économistes norvégiens Bratsberg et Rogeberg ont mis en évidence une baisse progressive du QI, chiffrée à 0,33 point annuel en analysant 730 000 tests. Plus récemment, une méta-analyse de 2023 portant sur 300 000 individus dans 72 pays a révélé un phénomène similaire : si le quotient intellectuel augmentait en moyenne de 2,4 points par décennie entre 1948 et 1985, cette tendance s’est inversée depuis 1986, avec une baisse estimée à 1,8 point par décennie.
Les évaluations internationales semblent confirmer ces observations. L’enquête PISA 2022 montre un déclin sans précédent des performances des élèves français, avec un score de 474 points en mathématiques, soit une chute de 21 points depuis 2018 – la plus importante baisse en deux décennies. Aux États-Unis, le projet “Monitoring the Future” de l’Université du Michigan documente une augmentation significative des difficultés de concentration auto-déclarées chez les jeunes de 18 ans depuis le milieu des années 2010.
En cause de cette baisse du QI chez les plus jeunes, un environnement multifactoriel qui ne se prive pas de pointer du doigt le rôle des nouvelles technologies. La diminution du temps consacré à la lecture au profit des écrans y contribue fortement : en 2021, seulement 37,6% des Américains déclaraient avoir lu un roman ou une nouvelle, contre 45,2% en 2012. En France, l’étude du Centre national du livre révèle qu’un jeune sur trois entre 16 et 19 ans ne lit jamais pour son plaisir. En parallèle, l’omniprésence des écrans transforme notre rapport à l’information et au savoir, tout en perturbant le sommeil, et en réduisant la capacité d’attention. S’y ajoutent des facteurs éducatifs (évolution des méthodes pédagogiques), environnementaux (exposition aux polluants) et socioculturels (modification des modes de vie), pour un cocktails explosif, et un bilan catastrophique. Vraiment ?
Une évolution plutôt qu’un déclin
Faut-il pour autant céder à l’alarmisme ? Si le Financial Times rappelle qu’aucune preuve n’indique un “dommage irréversible” sur l’intelligence humaine, cette tendance interroge surtout la pertinence des tests d’intelligence historiques type QI. Les jeunes lisent toujours autant, ils ont simplement modifié leurs habitudes, troquant les volumes papiers contre des ebooks et des webtoons. Sur les réseaux sociaux, certains genres créent de véritables engouements auprès des jeunes lecteurs et lectrices.
Concernant les capacités cognitives au global enfin, c’est tout notre rapport aux technologies qu’il convient de questionner. Car si les jeunes sont (à l’échelle mondiale) moins performants dans certaines matières, ils acquièrent aussi bon nombre de connaissances nouvelles : code et programmation, usage de l’intelligence artificielle, ou encore sensibilisation accrue face aux menaces cybersécuritaires… autant de choses qu’on n’apprend pas encore sur les bancs d’une école élémentaire.
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