Depuis le 18 mars 2025, le journal italien Il Foglio a publié une édition intégralement générée par intelligence artificielle. Une expérimentation sans précédent dans le monde du journalisme, qui suscite autant d’enthousiasme que de questions, surtout à l’heure où certains espèrent déjà remplacer les journalistes par des IA.
Avec une sortie en kiosque prévue du mardi au vendredi pendant un mois, Il Foglio AI vient de lancer la première édition d’un journal entièrement rédigée par l’intelligence artificielle. L’initiative sonne comme une véritable révolution dans le paysage médiatique. Chaque édition comprendra une vingtaine de sujets d’actualité allant de la politique à la finance, ainsi que plusieurs éditos.
Concrètement, ça marche comment ?
L’idée n’est pas de laisser les rennes à une intelligence artificielle. Cette expérimentation, aux airs de figure de style, entend mobiliser une vingtaine de journalistes bien humains. Ces derniers se chargeront de poser des questions à ChatGPT d’OpenAI, en précisant le sujet et le ton souhaités. L’IA se chargera ensuite de générer un texte en utilisant les informations disponibles sur internet. Tout est généré artificiellement, “l’écriture, les titres, les légendes, les citations, les résumés“, précise le journal dans sa présentation.
Pour Claudio Cerasa, directeur d’Il Foglio, l’objectif n’est pas de remplacer les journalistes, mais de “revitaliser le journalisme“. Une audace qui a porté ses fruits : le premier jour, les ventes du quotidien ont augmenté de 60%. 90% des lecteurs et lectrices se sont dits amusés par l’initiative, même s’il est difficile de considérer cet engouement comme autre chose qu’un effet de nouveauté.
Un succès riche d’enseignement
Après quelques jours d’expérimentation, Il Foglio a déjà tiré plusieurs enseignements. “La qualité de l’IA dépasse toutes les attentes. L’écriture de Il Foglio AI est lourde, mais elle sait capter l’humour, elle sait interpréter le style, elle sait faire preuve d’autodérision“, constate le journal.
Cependant, cette première semaine a également révélé les limites de l’intelligence artificielle dans le domaine journalistique. Comme l’explique une auto-évaluation générée par l’IA elle-même, Il Foglio AI produit des textes cohérents, mais manque de l’instinct journalistique et de remise en perspective.
Quel avenir pour la presse ?
Cette initiative survient alors que d’autres tentatives similaires ont suscité des controverses. En 2024, le magazine scientifique australien Cosmos avait utilisé GPT-4 pour produire six articles, déclenchant de vives critiques de l’Association des journalistes scientifiques d’Australie. Les experts avaient jugé ces contenus “incorrects ou trop simplistes“, avec des descriptions scientifiques approximatives, accusées de nuire à la crédibilité de la publication.
À l’issue de cette expérience d’un mois, Il Foglio promet de partager les impacts de l’IA sur ses méthodes de travail et les questions soulevées par cette cohabitation entre intelligence artificielle et journalisme traditionnel. De quoi ouvrir un débat fondamental sur l’avenir de toute la profession. En France, les grands groupes de presse réclament déjà un encadrement légal strict.
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