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Voici la première batterie sodium-ion grand public au monde

Ce produit novateur semble mal parti pour conquérir le marché – mais il s’agit d’un signe clair que cette technologie prometteuse est en train de gagner en maturité.

Dans une annonce repérée par Notebook Check, Elecom vient de dévoiler une batterie externe unique en son genre : selon le fabricant, il s’agit du tout premier accumulateur sodium-ion, ou Na-ion, destiné au grand public.

Il s’agit d’une technologie encore relativement balbutiante. Cela ne fait que quelques années que l’industrie est capable de produire des batteries au sodium à la capacité équivalente à celle des batteries Li-ion qui alimentent la majorité des appareils électroniques modernes, car leur densité énergétique est significativement plus faible que celle de ces dernières. Les cellules à base de sodium ont aussi tendance à être nettement plus lourdes, ce qui est tout sauf idéal lorsqu’il s’agit de les intégrer à des appareils portables ou des véhicules électriques.

Une technologie à fort potentiel

Mais si tant de monde cherche activement à peaufiner ce concept, c’est parce que les batteries au sodium présentent aussi des avantages plus que substantiels.

Le premier, c’est l’accès aux matières premières. Le lithium de haute qualité est concentré dans une poignée de gisements répartis dans quelques pays ; le sodium, en revanche, est disponible en abondance dans l’eau de mer ainsi que dans de nombreux minerais très communs. Un point tout sauf anecdotique en termes de chaîne logistique.

En outre, l’extraction et le traitement du sodium sont largement moins problématiques que ceux du lithium au niveau écologique. Pour produire du lithium de qualité industrielle, il faut soit le pomper dans le sous-sol en y injectant des quantités d’eau astronomiques (environ 500 000 litres d’eau par tonne de lithium), ou l’extraire directement de la roche à travers des processus extrêmement énergivores qui impliquent de nombreux produits toxiques.

Au-delà des ressources, les batteries au sodium ont aussi l’avantage d’être bien plus efficaces à basse température et plus sûres que les batteries Li-ion. Ces dernières sont généralement constituées de plusieurs couches d’anodes et de cathodes séparées par un matériau isolant. Lorsqu’elle est endommagée, cette séparation peut être rompue, permettant aux anodes et cathodes d’entrer en contact direct. On obtient alors un court-circuit qui génère beaucoup de chaleur, et peut déclencher un incendie qui a tendance à s’autoentretenir. C’est notamment pour ces raisons que les pompiers redoutent autant les incendies de voitures électriques. Les batteries au sodium, en revanche, sont généralement construites autour d’électrolytes basés sur l’eau, ce qui réduit fortement le risque de combustion.

Un produit de niche… et peut-être un précurseur ?

Tous ces points font partie intégrante des arguments d’Elecom. L’entreprise affirme que sa nouvelle batterie, appelée Na Plus, est capable d’opérer sans problème dans une gamme de température qui va de -1° à 50 °C. Elle la présente aussi comme une alternative plus sûre et écologique aux batteries lithium conventionnelles.

En outre, elle semble exceptionnellement durable. Selon la firme, cette batterie externe peut encaisser environ 5000 cycles de charge, soit 5 à 15 fois plus qu’une batterie externe au lithium grand public. Un argument pas négligeable pour les consommateurs soucieux d’éviter les produits à courte durée de vie.

Elecom Batterie Sodium Situation
© Elecom

Mais cela ne signifie pas pour autant que la Na Plus s’apprête à devenir la nouvelle star du marché. En termes de performances brutes, elle souffre encore de la comparaison avec ses cousines au lithium.

À cause de la densité énergétique inférieure des cellules au sodium, elle pèse environ 350 grammes pour une capacité de 9000 mAh — presque deux fois plus lourd que la moyenne du marché à capacité équivalente.

Elle est aussi significativement plus chère que ses concurrentes. Aujourd’hui, il est facile de trouver des batteries externes autour de 10 000 mAh pour une petite vingtaine d’euros. La Na Plus, en revanche, est vendue 9980 yens au Japon, soit un peu plus de 60 € ! Cela explique probablement pourquoi l’entreprise ne semble pas avoir l’intention de la commercialiser sur d’autres marchés pour le moment.

Mais il faut aussi garder en tête qu’il ne s’agit que d’une première itération. Cette technologie va gagner en maturité au fil du temps, et il n’y a quasiment aucun doute par rapport au fait que des batteries au sodium plus performantes finiront par pointer le bout de leur nez.

Toute la question, c’est de savoir si elles représenteront un jour une vraie alternative aux batteries Li-ion actuelles ou si elles seront plutôt adoptées en dehors de l’espace grand public, par exemple pour le stockage d’énergie renouvelable. Rendez-vous d’ici quelques années pour les premiers éléments de réponse.

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