Cette annonce intervient dans un contexte de réarmement européen et d’incertitudes géopolitiques croissantes, où la France cherche à renforcer sa capacité de défense tout en impliquant ses citoyens dans cet effort national.
Ce placement, qui sera proposé par la banque publique d’investissement Bpifrance, permettra aux Français de devenir indirectement actionnaires des entreprises de la défense à partir d’un investissement minimum de 500 euros. Ce nouveau fonds vise à réunir 450 millions d’euros pour soutenir les entreprises du secteur, qui auront besoin d’environ 5 milliards d’euros en fonds propres et capitaux nouveaux pour augmenter leurs capacités de production.
“C’est très important d’associer l’ensemble des Françaises et Français à cet effort, ce seront des bons placements“, a déclaré Éric Lombard lors de son intervention sur TF1. Le ministre a souligné que cette initiative s’inscrit dans une démarche volontaire, permettant aux citoyens qui le souhaitent de contribuer à l’effort de défense nationale.
Les caractéristiques du placement
Le ticket d’entrée est fixé à 500 euros, avec un plafond envisagé de quelques milliers d’euros par personne sans plus de précisions. Les fonds investis seront bloqués pour une durée minimale de cinq ans, ce qui en fait un placement à long terme. Il est important de noter que ce produit n’est pas comparable au livret A ou aux placements liquides, étant donné sa nature et sa durée d’engagement.
Le ministre n’a pas précisé le rendement exact de ce placement, mais a assuré qu’il serait attractif sur le long terme, compte tenu de l’augmentation prévue des efforts de défense nationale. Il a également souligné que ce type d’investissement est considéré comme “responsable”, rejetant l’idée selon laquelle le financement de la défense serait incompatible avec une politique environnementale, sociale et de gouvernance ambitieuse.
Un effort global pour financer la défense
Ce nouveau produit d’épargne s’inscrit dans une stratégie plus large visant à mobiliser des fonds publics et privés pour le financement de l’industrie de défense française. Éric Lombard a annoncé que les investisseurs publics, tels que la Caisse des dépôts et Bpifrance, injecteront 1,7 milliard d’euros dans le secteur. Cette somme, combinée aux co-investissements avec les investisseurs privés, devrait permettre d’atteindre l’objectif de 5 milliards d’euros de fonds propres additionnels pour soutenir le secteur.
Le ministre a également appelé les investisseurs privés à dépasser leur “frilosité” dans ce domaine, soulignant l’importance stratégique de ces investissements pour la souveraineté nationale et la protection des valeurs démocratiques. Il a rappelé que le label d’État d’investissement socialement responsable (ISR) permet d’investir dans la défense, hors armements interdits, et que la France a plaidé pour des lignes directrices en ce sens auprès de l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA).
Le secteur de la défense française, qui comprend neuf grands groupes comme Dassault Aviation, Safran, Thales ou Airbus, ainsi que 4 000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI), dont mille sont considérées comme stratégiques, est au cœur de cet effort de financement. Ces entreprises jouent un rôle crucial dans la “base industrielle et technologique de défense” (BITD) française et européenne.
L’initiative du gouvernement vise à répondre à l’évolution de la situation géopolitique, notamment la position américaine vis-à-vis de l’Ukraine et la menace russe, qui “exige une accélération de notre armement“, selon Matignon. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe en matière de défense.
Le lancement de ce nouveau produit d’épargne soulève des questions sur l’engagement des citoyens dans le financement de la défense nationale et sur l’équilibre entre investissements publics et privés dans ce secteur stratégique. Il reste à voir comment les Français réagiront à cette opportunité d’investissement et quel sera l’impact réel sur le financement des entreprises de défense.
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