Passer au contenu

Mauvaise nouvelle pour les utilisateurs de panneaux solaire, il va falloir stocker et ne plus vendre son surplus !

L’énergie solaire photovoltaïque connaît un essor rapide en France, portée par des tarifs de rachat avantageux et les ambitions de transition énergétique.

En 2024, près de 5 GW de nouvelles capacités solaires ont été raccordées​, un record illustrant l’engouement des particuliers et des entreprises pour les panneaux solaires. Face à ce succès, le gouvernement a engagé une réforme majeure des tarifs d’achat du photovoltaïque, visant à adapter le soutien public à un marché en maturation. Le sujet est crucial : il touche la rentabilité des installations solaires, et pas que !

Une réforme rapide

En février 2025, un projet d’arrêté tarifaire est mis en consultation. Il s’agit à ce stade d’un projet (non encore appliqué) visant à modifier l’arrêté du 6 octobre 2021. Parallèlement, un projet de décret modifiant le Code de l’énergie (articles D.314-15 et D.314-23) est proposé afin d’adapter le cadre législatif​.

Ce projet prévoit d’appliquer de nouveaux tarifs dans les semaines à venir pour les nouvelles installations. Mais ce n’est qu’en avril que ces nouvelles conditions tarifaires définitives doivent être publiées. À cette date, l’arrêté révisé pourrait alors entrer en vigueur, officialisant la réforme pour les mois et années à venir.

La prochaine étape sera déroulera le 1er juillet 2025 avec la fin du tarif d’achat garanti pour les installations de moyenne taille (200–500 kWc). Le régime de soutien basculera vers un complément de rémunération, où l’électricité sera vendue sur le marché et complétée par une prime​. C’est la fin du mécanisme administratif et financier tel qu’il existait pour ces puissances intermédiaires.

Enfin le 1er octobre, en parallèle de cette réforme, une mesure fiscale votée dans la loi de finances 2025 abaissera la TVA à 5,5 % (au lieu de 10 %) pour la fourniture et pose de panneaux solaires en autoconsommation jusqu’à 9 kWc​. Cette baisse de taxe vise à encourager l’équipement des particuliers malgré la diminution des tarifs de rachat.

Pas forcément une bonne nouvelle pour tous

Cette réforme 2025 veut apporter plusieurs changements notables aux mécanismes de soutien du solaire en France.

Baisse des tarifs de rachat de l’électricité solaire

Le tarif d’achat garanti (prix auquel EDF rachète l’électricité solaire) va significativement baisser pour les nouvelles installations (< 9 kWc). Le gouvernement justifie cette réduction par la baisse des coûts du solaire et la nécessité de réduire les dépenses publiques, la filière ayant gagné en maturité économique​. Concrètement, le prix de rachat du surplus d’électricité (dans le cadre de l’autoconsommation) pour les petites installations serait divisé par trois, passant d’environ 12,7 centimes d’euros par kWh à 4 centimes/kWh​ ! 

Pour les installations plus grandes, le tarif d’achat en vente totale serait également revu à la baisse : par exemple, le soutien aux centrales de 100 à 500 kWc diminuerait d’environ 105 €/MWh à 95 €/MWh pour les nouveaux projets déposés à partir de mi-2025. Les installations intermédiaires (9–100 kWc), souvent des toitures d’entreprises ou de collectivités, conserveraient a priori leur tarif actuel dans l’immédiat, mais ce dernier sera désormais sujet à une dégressivité plus rapide en cas d’engouement du marché​. Autrement dit, si trop de projets sont déposés sur un trimestre (dépassant le volume cible de ~92 MW​), le tarif proposé aux suivants baissera automatiquement de quelques pourcents, ce qui réduit progressivement l’aide financière par kWh.

Aides à l’autoconsommation en forte réduction

Le gouvernement entend également réorienter le soutien vers l’autoconsommation plutôt que la vente totale. Pour les particuliers et petites entreprises équipant des installations résidentielles (< 9 kWc), la prime à l’investissement (aide versée lors de l’installation en autoconsommation avec vente du surplus) va être drastiquement réduite. Cette prime avait déjà baissé d’environ 40 % en 2023, et la réforme prévoit de la diviser encore par deux​. Par exemple, la prime pour une installation de 3 kWc, qui dépassait 1 500 € avant août 2023, serait ramenée autour de 384 € en 2025 (soit un quart du niveau d’il y a deux ans) selon les données du projet​. En parallèle, pour ces petites installations, le tarif de rachat du surplus d’électricité injectée sur le réseau est ramené à 4 c€/kWh​, contre ~12–13 c€/kWh pour les contrats signés avant 2025. C’est une baisse très importante qui vise à inciter les propriétaires à consommer un maximum de leur production sur place (puisque l’excédent sera beaucoup moins rémunéré).

De plus, le mode “vente en totalité” (où l’on revend 100 % de l’électricité sans autoconsommation) serait purement et simplement supprimé pour les nouvelles installations résidentielles​. Autrement dit, un particulier qui installe des panneaux ne pourra plus bénéficier d’un contrat où toute son électricité est achetée à tarif fixe ; il devra opter pour l’autoconsommation (totale ou avec un surplus minimal). Ces changements marquent la fin progressive du solaire « plug and play » rémunérateur : il faudra désormais dimensionner son installation au plus près de ses besoins ou investir dans des batteries pour valoriser au mieux l’énergie produite.

Vers une TVA allégée, mais pas de nouvelle taxe

Contrairement à certaines craintes, la réforme tarifaire ne s’accompagne pas de nouvelle taxe directe sur l’énergie solaire. En particulier, aucune « taxe sur l’autoconsommation » n’est instaurée à ce jour. Au contraire, le législateur a adopté un geste fiscal favorable : à partir du 1er octobre 2025, les installations photovoltaïques jusqu’à 9 kWc en autoconsommation bénéficieront d’un taux de TVA réduit à 5,5 %​ (aligné sur le taux déjà appliqué à d’autres rénovations énergétiques). Cette mesure, introduite dans la loi de finances 2024-2025, vise à compenser en partie la baisse des aides en allégeant le coût d’investissement pour les particuliers. Par exemple, pour une installation standard de 6 kWc coûtant 12 000 €, passer la TVA de 10 % à 5,5 % représente environ 500 € d’économies. C’est un « coup de pouce » financier qui pourrait encourager certains ménages à lancer leur projet solaire plutôt que de le reporter. En revanche, du côté des professionnels, aucune modification de fiscalité spécifique au solaire (autre que le régime de TVA déjà déductible pour eux) n’a été annoncée dans le cadre de cette réforme.

Cap sur l’autoconsommation

Pour les particuliers équipés (ou souhaitant s’équiper) de panneaux solaires, les changements à venir auront des conséquences notables. La baisse des tarifs de rachat du surplus va allonger les temps de retour sur investissement. En effet, vendre ses kilowattheures excédentaires ne rapportera plus que 4 c€ contre 10 à 13 c€ auparavant​, ce qui réduit d’autant les revenus annuels d’une installation. Par exemple, un foyer avec 3 kWc qui injectait 2 000 kWh par an sur le réseau ne touchera qu’environ 80 € par an avec le nouveau tarif, contre 250 € précédemment. Cette chute de rentabilité signifie qu’il faudra autoconsommer une part beaucoup plus importante de l’électricité solaire pour rentabiliser le projet. Les propriétaires seront donc incités à adapter leur comportement (programmer électroménager et chauffe-eau sur les heures ensoleillées, recharger un véhicule électrique le midi, etc.), voire à investir dans un stockage par batterie pour conserver le surplus d’énergie pour le soir.

En d’autres termes, l’autoconsommation devient la norme pour les particuliers équipés de solaire. Ceux-ci devront optimiser leur installation pour leur usage propre. La bonne nouvelle est que les économies sur la facture d’électricité (en consommant son solaire au lieu d’acheter au réseau à ~€0.20/kWh) restent inchangées et deviennent la principale source de gain. De plus, l’abaissement de la TVA à 5,5 % en fin d’année viendra alléger le coût d’achat des panneaux​, ce qui atténuera partiellement la baisse des subventions. Les particuliers déjà sous contrat d’achat, eux, ne sont pas affectés rétroactivement : leurs contrats existants à tarif garanti continuent de courir aux conditions initiales. En revanche, quiconque projette une installation solaire en 2025 devra intégrer ces nouvelles règles pour recalculer la rentabilité et peut-être adapter la taille de son projet en conséquence.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Mode