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C’est quoi le problème avec le nouveau Nutri-Score ?

Le ministère de la Santé n’est pas d’accord avec celui de l’Agriculture sur le sujet du Nutri-Score. Un compromis est-il envisageable ?

La révision du Nutri-Score suscite des tensions entre les ministères de l’Agriculture et de la Santé. Alors que Catherine Vautrin a signé l’arrêté validant la nouvelle version, la protection des produits du terroir bloque l’application concrète de la réforme.

Une réforme nécessaire mais contestée

Introduit en France en 2017, le Nutri-Score visait à offrir aux consommateurs une lecture simplifiée de la qualité nutritionnelle des produits alimentaires grâce à un code couleur allant du vert (A) au rouge (E). La révision de ce système, a débuté depuis plusieurs années, et répond à une volonté d’adapter le dispositif aux produits de consommation courante, autant qu’aux avancées scientifiques dans le domaine de la nutrition.

Si la révision du Nutri-Score ne fait pas l’unanimité, c’est parce qu’elle promet de durcir le ton concernant les produits ultratransformés et les aliments riches en sucres, sel et graisses saturées. L’objectif annoncé est de lutter plus efficacement contre l’obésité et les maladies cardiovasculaires. D’un côté, les associations de consommateurs, soutenues par le ministère de la Santé entendent proposer un Nutri-Score plus précis et plus complet, capable de s’adapter à tous les régimes alimentaires. De l’autre, les industriels et les producteurs traditionnels s’inquiètent des conséquences économiques et culturelles. Les produits laitiers seront particulièrement touchés, à l’image du fromage, qui fait la richesse du patrimoine gastronomique français.  Un fromage AOP comme le Roquefort ou certaines charcuteries traditionnelles pourraient en effet se retrouver classés D ou E, ce qui, selon elle, “pénaliserait injustement des produits de qualité consommés avec modération“, explique Annie Genevard, la Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Face à une refonte décriée, certains grands groupes agroalimentaires ne restent pas inactifs. Danone a déjà annoncé la refonte de 150 recettes pour améliorer les notes de ses produits tout en décidant progressivement de ne plus afficher le Nutri-Score sur certains d’entre eux. D’autres entreprises comme Nestlé ou Kraft Heinz ont également engagé des programmes de reformulation de leurs produits, leur permettant de passer juste dans les normes.

Vers une normalisation européenne ?

La Commission européenne travaille actuellement sur un système d’étiquetage nutritionnel harmonisé pour tous les pays membres, prévu pour fin 2025. Cette initiative pourrait offrir une porte de sortie au blocage français, en imposant un standard commun qui transcenderait les querelles nationales en imposant un cadre clair, et surtout obligatoire. En attendant, la France se retrouve dans une situation paradoxale : pionnière du Nutri-Score, elle est aujourd’hui à la traîne, tandis que l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas ont déjà adopté la nouvelle version.

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