Après des années d’attentes et de nombreux reports, Amazon a finalement dévoilé Alexa+ fin février. Cette nouvelle mouture marque une étape majeure dans l’histoire de l’assistant vocal, dorénavant alimentée à l’IA générative pour gagner en intelligence. Les promesses sont multiples et doivent permettre à la firme de Jeff Bezos de redresser la barre en proposant cette nouvelle mouture sur les appareils Echo existants. Une nouvelle ère pour le célèbre assistant vocal, mais en anglais uniquement pour l’instant et uniquement aux États-Unis. Les autres pays devront prendre leur mal en patience avant de découvrir Alexa+.
Un assistant plus intelligent et beaucoup plus curieux
Les utilisateurs d’Amazon Echo doivent toutefois se préparer un changement important pour utiliser les nouvelles capacités d’Amazon. À compter du 28 mars, les appareils Echo transmettront systématiquement l’intégralité des requêtes vocales au cloud d’Amazon pour traitement. Cette décision marque un tournant dans la politique d’Amazon.
Jusqu’à présent, les propriétaires d’Echo avaient la possibilité de faire traiter leurs demandes localement pour préserver leurs informations des serveurs d’Amazon. Cette fonctionnalité va disparaître, comme l’a annoncé l’entreprise par mail à ses clients : « Cher client Echo, Nous vous contactons pour vous informer que la fonctionnalité Alexa « Ne pas envoyer les enregistrements vocaux », que vous avez activée sur votre ou vos appareils Echo compatibles, ne sera plus disponible à partir du 28 mars 2025. Cette fonctionnalité permettait aux appareils Echo compatibles de traiter l’audio des requêtes Alexa localement sur l’appareil. Alors que nous continuons à étendre les capacités d’Alexa avec des fonctionnalités d’IA générative qui reposent sur la puissance de traitement du cloud sécurisé d’Amazon, nous avons décidé de ne plus prendre en charge cette fonctionnalité. »
Le géant américain de l’e-commerce justifie ce changement par l’introduction de nouvelles fonctionnalités d’intelligence générative dans Alexa+. Cela concerne plus particulièrement Voice ID, une fonction importante qui permet à l’assistant vocal de reconnaître la voix de l’utilisateur. Alexa+ peut alors fournir des réponses et des services personnalisées, ainsi que des informationnelles personnelles (agenda, morceaux de musique préférés, rappels…). Les utilisateurs peuvent toujours renoncer et conserver « Ne pas envoyer les enregistrements vocaux », mais ils ne seront pas en mesure de profiter de Voice ID.
Amazon Echo : la fin de la confidentialité à domicile ?
L’argument d’Amazon est recevable, mais il soulève des interrogations en matière de vie privée. L’entreprise tente de rassurer en indiquant que les requêtes vocales sont chiffrées lors de leur transmission et que son cloud est sécurisée. Une fois dans le nuage d’Amazon, les données devront cependant être traitées par une firme qui a régulièrement été impliquée dans plusieurs affaires controversées concernant la vie privée des utilisateurs d’Alexa. En 2023, la société a été épinglée pour avoir les enregistrements vocaux des enfants malgré les demandes de suppression des parents. Elle avait payé 25 millions de dollars et accepté de modifier ses pratiques.
L’an dernier, la firme avait aussi communiqué pour rassurer sur le fonctionnement d’Alexa. Dans un post intitulé Les quatre plus grands mythes sur Alexa, l’entreprise rappelait que les appareils Echo enregistraient « uniquement après que l’appareil a détecté le mot d’activation que vous avez choisi (ou si le bouton d’action est pressé) ». Elle mentionnait aussi la possibilité de gérer l’historique vocal et mettait en avant la sécurité.
La dernière annonce d’Amazon provoque déjà des mécontents, notamment sur Reddit, où de nombreux utilisateurs d’Alexa regrettent ce virage. De son côté, la firme mise gros avec Alexa+ pour sortir l’assistant vocal d’un gouffre financier qui lui aurait fait perdre 25 milliards de dollars. Amazon s’est publiquement engagé à maintenir la version gratuite d’Alexa, mais Alexa+ est considéré comme le dernier espoir d’Amazon de maintenir Alexa en vie et de la rendre rentable. Face à cette situation, les utilisateurs se retrouvent devant un dilemme : continuer à utiliser leur appareil Echo en sacrifiant une part de leur confidentialité, ou renoncer à un assistant vocal devenu pour beaucoup indispensable au quotidien.
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