C’est un constat si récurrent qu’on pourrait presque en faire un théorème : en France, en particulier depuis une grosse dizaine d’années, nos concitoyens ont un vrai problème avec les mathématiques. Des chercheurs veulent désormais comprendre l’origine de cette relation compliquée.
Cela fait déjà quelque temps que toutes les enquêtes internationales sur le sujet sont formelles : en règle générale, les élèves français ont beaucoup de mal avec cette discipline. En 2023, l’étude Pisa a mis en évidence une très forte baisse des résultats dans cette matière, et ce malgré des réformes substantielles engagées depuis bientôt six ans.
En décembre dernier, c’est une autre enquête de grande envergure, appelée Timss, qui est parvenue à la même conclusion : les résultats des jeunes Français testés en sciences et tout particulièrement en mathématiques sont globalement mauvais, voire carrément médiocres. Notre pays pointe désormais à la 42e place sur les 58 pays comparés pour la classe de CM1, et nous restons même bons derniers au sein de l’Union européenne.
🔢+ 🇫🇷 =💔²
Mais cette dynamique ne concerne pas seulement le côté strictement scolaire et académique. Les professionnels du secteur constatent avec regret qu’il existe un parallèle entre ces résultats décevants et la perception que nos concitoyens ont des mathématiques. Au-delà de la simple indifférence, un nombre important de personnes semble avoir développé une aversion assez viscérale pour cette discipline.
Est-ce le fruit de méthodes d’enseignement inappropriées ? Y a-t-il des facteurs sociaux qui pèsent lourd dans la balance ? Serions-nous tout simplement un peuple culturellement « anti-maths », quoi que cela puisse bien vouloir dire ? La réponse est loin d’être évidente — et c’est regrettable, sachant qu’il s’agit d’une discipline éminemment importante.
La pratique des maths est une excellente manière de muscler ses capacités d’abstraction et de raisonnement – une gymnastique intellectuelle toujours précieuse au quotidien. En outre, elle joue un rôle central dans une foultitude de domaines d’avenir, de la physique à l’informatique en passant par l’intelligence artificielle, l’économie ou encore les sciences sociales.
Il est donc crucial de remonter à l’origine de cette relation compliquée. Et c’est précisément ce que le CNRS cherche désormais à faire à l’occasion de la Semaine des mathématiques, à travers une grande enquête nationale.
Une consultation rapide et très précieuse
« On veut interroger les citoyennes et les citoyens français sur leur ressenti, leurs émotions quand ils parlent de mathématiques et leurs besoins », explique Christophe Besse, directeur de l’Insmi, une branche du CNRS spécialisée dans les mathématiques et leur promotion. « On veut essayer de comprendre pourquoi on entend souvent “j’ai détesté les maths”. C’est fort comme mot. Alors qu’en fait les maths, on les vit tous les jours dans notre quotidien, on en a tous les jours besoin », plaidait-il hier matin au micro de France Inter.
Pour y parvenir, l’institution a élaboré un sondage en ligne ouvert à toutes et à tous. Il propose aux internautes de répondre à des questions sur leur rapport aux mathématiques, les souvenirs qu’ils en gardent depuis l’école, ou encore l’usage qu’ils en font aujourd’hui.
Au terme de cette première enquête, qui se terminera le 30 avril prochain, le CNRS organisera 6 journées d’échange avec des panels de citoyens. Cela permettra aux organisateurs de discuter des tendances qui ont émergé lors de la première phase. La restitution, où le CNRS dévoilera ses conclusions et proposera sans doute des pistes pour l’avenir, aura ensuite lieu à l’automne.
Il sera très intéressant de se pencher sur ce rapport qui pourrait contribuer à faire évoluer l’enseignement, la pratique et l’image des mathématiques en France. Nous ne pouvons donc que vous encourager à vous rendre sur le site du CNRS pour répondre à l’enquête, qui ne vous prendra que quelques minutes ; promis, c’est garanti sans jargon et sans questions pièges, et les prochaines générations vous en remercieront sans doute !
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