Le blocage de sites pirates n’est pas une première pour Cloudflare, qui s’est déjà conformé à des injonctions judiciaires en Italie et au Japon. Pourtant, l’entreprise ne se voit pas comme l’acteur le plus pertinent pour faire appliquer ces mesures. « Parce que Cloudflare ne peut pas supprimer du contenu qu’elle n’héberge pas, d’autres fournisseurs de services sont mieux placés pour régler ces problèmes », défend la firme dans son dernier rapport de transparence.
Un géoblocage aux limites bien visibles
Concrètement, les 402 sites en question sont bloqués uniquement en France, mais restent accessibles ailleurs. Une technique déjà testée en Italie, où Cloudflare avait été sommé de bloquer 30 domaines pirates.
Mais ce genre de mesures a ses limites. Les administrateurs des sites visés peuvent contourner ces restrictions en changeant de prestataire ou en adaptant leur infrastructure. Cloudflare le reconnaît lui-même : « Tout blocage par Cloudflare est d’une efficacité limitée, car un site restera accessible s’il cesse d’utiliser notre réseau ».
Cette situation ne concerne pas que la France. En Espagne, la justice a imposé des blocages tellement larges qu’ils ont touché des sites tout à fait légaux. Cloudflare a décidé de contre-attaquer en justice. De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis préparent un projet de loi qui pourrait forcer les résolveurs DNS, comme Cloudflare, à bloquer certains sites. L’entreprise s’oppose fermement à cette idée.
Si Cloudflare applique ces blocages sur ses services de CDN et de sécurisation, elle refuse de toucher à son résolveur DNS public 1.1.1.1, qui permet à n’importe quel internaute d’accéder aux sites web sans restriction géographique.
Pourquoi cette différence ? Pour Cloudflare, toute demande de blocage via son DNS aurait un impact mondial et relèverait plus de la censure qu’autre chose. « Compte tenu de l’effet extraterritorial ainsi que des différentes approches mondiales du blocage basé sur le DNS, Cloudflare a poursuivi des recours juridiques avant de se conformer aux demandes », explique l’entreprise.
Cloudflare assure avoir trouvé des « mécanismes alternatifs » pour répondre aux exigences judiciaires, mais reste évasif sur leur nature. Quoi qu’il en soit, elle affirme n’avoir jamais bloqué de contenu via son résolveur 1.1.1.1.
Avec la pression judiciaire qui s’accentue et des législations qui évoluent, Cloudflare risque bien d’avoir à clarifier sa position. L’entreprise continue de résister aux tentatives de régulation trop strictes, mais pour combien de temps encore ?
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