Dans la nuit du 6 au 7 mars, l’immense STarship de SpaceX a malheureusement rencontré un dysfonctionnement critique lors de son huitième vol d’essai. L’incident a conduit à la désintégration et à la perte du véhicule, pour la deuxième fois consécutive en l’espace de deux mois. Une dynamique qui commence à devenir légèrement préoccupante pour l’entreprise d’Elon Musk.
Le décollage, peu après minuit à l’heure française, s’était pourtant très bien passé. Après un peu plus de deux minutes de poussée, le booster Super Heavy s’est séparé du deuxième étage sans problème, montrant que l’approche basée sur le hot staging mise en place l’année dernière fonctionne toujours aussi bien.
L’autre grande satisfaction de la soirée concerne le retour sur Terre de ce premier étage géant (plus de 70 mètres de haut à lui tout seul). Au terme de la séparation, il a repris le chemin de la base où il a été rattrapé en plein vol par les bras mécaniques de son immense tour de lancement. C’est la troisième fois consécutive que SpaceX accomplit cet exploit technique.

Une nouvelle défaillance du système de propulsion
Tout avait donc commencé sous les meilleurs auspices — mais c’était sans compter le Starship en lui-même. Une petite dizaine de minutes après la mise à feu, juste avant la fin de sa première phase de poussée, son ascension a été stoppée de façon abrupte par la perte de plusieurs moteurs Raptor.
Plus spécifiquement, il s’agissait de moteurs centraux, qui jouent un rôle particulièrement important dans le contrôle de la trajectoire. Sans surprise, l’engin s’est rapidement mis à basculer — une perte de contrôle qui a d’abord rompu les communications entre le vaisseau et la base, puis conduit à sa destruction totale.
Toujours un problème de vibration ?
À peu de choses près, le scénario semble identique à celui qui avait mis fin au 7e vol d’essai, qui s’était également conclu avec une pluie de débris incandescents.
Incredible video of the Starship debris over the Caribbean https://t.co/yMyorWTU1j
— Brian Stelter (@brianstelter) January 17, 2025
Le 24 février dernier, à la fin de l’enquête sur l’incident, l’entreprise avait conclu que le véhicule avait subi une « réponse harmonique » nettement plus forte en vol que celle observée lors des tests.
Ce terme désigne la manière dont la structure réagit aux vibrations. Chaque objet, quel qu’il soit, dispose d’une (ou plusieurs) fréquence dite de résonance. Si une force externe le fait vibrer à cette fréquence, cela peut conduire à un effet de résonance qui amplifie les vibrations de manière parfois catastrophique — un peu comme un verre à vin qui éclate lorsqu’il est exposé à un son puissant à cette fameuse fréquence de résonance. En l’occurrence, ce sont les lignes d’alimentation du système de propulsion qui en ont fait les frais.
SpaceX estimait pourtant avoir résolu le problème en effectuant quelques changements dans la structure du système de propulsion. Elle a aussi ajouté des vannes supplémentaires ainsi qu’un système de purge des gaz pour éviter que l’incident ne se reproduise. Mais ce nouvel échec suggère que le système de propulsion du Starship n’est toujours pas au point.
Pour l’instant, l’entreprise n’a pas encore eu le temps de déterminer si ce nouvel incident était également lié à la réponse harmonique. Pour en avoir le cœur net, il faudra patienter jusqu’à la fin de l’enquête interne requise par la FAA — le gendarme américain de l’aéronautique.
Une diva qui se fait désirer
Mais quoi qu’il en soit, ce deuxième échec consécutif est un sérieux revers pour SpaceX. Les ingénieurs vont devoir se retrousser les manches pour résoudre le problème une fois pour toutes.
Son Starship est très attendu, non seulement parce qu’il doit être le principal acteur du déploiement de la prochaine génération de satellites Starlink, mais aussi parce qu’il doit jouer un rôle central dans le programme Artemis de la NASA. Sans lui, il sera impossible d’acheminer des astronautes vers la Lune lors des missions Artemis 3 et 4, prévues à partir de 2027.
L’entreprise va donc devoir mettre les bouchées doubles pour amener son engin révolutionnaire à maturité avant ces échéances, qui ont déjà été repoussées à plusieurs reprises.
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