Portée par une nouvelle proposition de réglementation européenne et la loi française AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), cette évolution vise à réduire drastiquement l’impact environnemental d’une industrie parmi les plus polluantes au monde. L’Europe souhaite ainsi augmenter la responsabilité des producteurs de produits textiles, vêtements et chaussures. En France, le mouvement est déjà en marche depuis cette année.
Le secteur textile : un pollueur insoupçonné
Lorsqu’on pense aux industries ayant le plus d’impact au niveau de la pollution mondiale, l’industrie du pétrole ou de l’agroalimentaire vient rapidement à l’esprit. L’industrie textile est souvent sous-estimée, mais ses impacts sont considérables et multiples. La consommation d’eau du secteur textile est massive, notamment pour la culture du coton. Il faut environ 10 000 litres d’eau pour produire un seul kilogramme de coton !
Et ce n’est pas tout. La production textile utilise aussi de nombreux produits chimiques : des pesticides pour le coton aux teintures et autres agents de blanchiment, l’industrie a un impact non négligeable sur les sols et les eaux et nuit potentiellement à la santé et à la biodiversité des écosystèmes. L’ensemble du cycle de vie d’un vêtement, de la production à sa fin de vie, génère aussi des émissions importantes de gaz à effet de serre. Le transport des textiles, souvent fabriqués loin des lieux de consommation, alourdit cette empreinte carbone. Les textiles synthétiques, tels que le polyester, libèrent des microparticules de plastique à chaque lavage, polluant les océans et la chaîne alimentaire.
Enfin, seulement une petite fraction des textiles est recyclée. Le reste est incinéré ou finit en décharge, créant un volume de déchets considérable.
Les changements en France depuis le 1er Janvier 2025
Dans un accord provisoire récent, l’Union Européenne prévoit l’implémentation de nouvelles mesures pour réduire les déchets textiles dans l’UE. Selon l’accord, les pays doivent mettre en place des systèmes de responsabilité élargie du producteur (REP). Les producteurs, importateurs et distributeurs de textiles (vêtements, linge, chaussures) sont ainsi responsables de la gestion de la fin de vie de leurs produits. Ils doivent notamment couvrir les coûts de la collecte, du tri et du recyclage.
En France, nous sommes déjà un peu en avance. La loi AGEC, promulguée en 2020, met en place des actions concrètes contre le gaspillage et pour l’économie circulaire. Par exemple, cette loi interdit déjà la destruction des invendus afin d’éviter l’incinération des produits non vendus et oblige les fabricants à donner et recycler ces produits.
Jusqu’à la fin de l’année dernière, les produits textiles ne faisaient pas partie du tri à la source, c’est-à-dire le tri effectué par les entreprises en fonction de diverses catégories (papier, verre, plastique, bois…). Depuis le 1er Janvier, la catégorie textile a été ajoutée et les professionnels doivent mettre en place un dispositif de tri adapté. Il leur est désormais interdit de disposer des déchets dans une autre catégorie.
Il est important de noter que, pour l’instant, seules les entreprises qui ont un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions d’euros et délivrant au moins 10 000 unités sur le marché sont concernées par la loi AGEC. L’idée est de réduire progressivement ces planchers pour atteindre de plus en plus d’entreprises.
Comment contribuer au niveau individuel ?
Pour les particuliers, même si jeter les textiles directement à la poubelle n’est pas encore sanctionné par une amende, il est préférable de privilégier le réemploi et le recyclage. Pour cela, plusieurs options respectueuses de l’environnement existent.
Tout d’abord, il est possible de faire des dons aux associations comme Emmaüs, la Croix-Rouge, Le Relais, ou encore le Secours Populaire. Ces associations font la collecte des textiles, même usagés, pour les redistribuer ou les revendre à bas prix. Plus de 47 000 points de collecte sont aussi présents dans la plupart des communes, souvent gérés par Le Relais ou Refashion. On peut y déposer vêtements, chaussures, linge et maroquinerie, même abîmés (sauf s’ils sont mouillés ou souillés).
Vous préférez revendre ? Utilisez des plateformes de vente d’occasion en ligne comme Vinted, Leboncoin, ou Vestiaire Collective pour donner une seconde vie aux articles en bon état et gagner un peu d’argent au passage. Et n’oubliez pas les friperies : ces dépôts-vente physiques sélectionnent et revendent les vêtements de qualité moyennant une commission ou bien les achètent directement. Avant de jeter un vêtement, on peut aussi envisager l’upcycling ou la réparation pour prolonger la vie du vêtement.
Vers une consommation plus responsable ?
Au-delà des obligations de triage, la législation est aussi utilisée pour faire prendre conscience, à la fois aux producteurs et aux consommateurs, des enjeux environnementaux de l’industrie textile. La loi AGEC a notamment mis en place en 2022 une réglementation en matière d’étiquetage des produits, obligeant les producteurs, importateurs et revendeurs à mettre en évidence les qualités environnementales des emballages et des produits. Dans le textile, cela concerne par exemple la présence de microfibres, ou le pourcentage de matières recyclées dans un emballage ou un produit.
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