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Les robots humanoïdes travaillent désormais en équipe, et ça change tout

En faisant coopérer ses robots par l’intermédiaire d’une intelligence artificielle commune, la firme chinoise UBTech a peut-être posé les bases d’un grand changement de paradigme.

En début d’année dernière, Figure, une startup en robotique particulièrement prometteuse, annonçait en grande pompe l’intégration de son androïde utilitaire dans une usine BMW — un avant goût d’un futur où ces engins pourraient jouer un rôle central dans plusieurs industries. Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine de nous rapprocher de cet horizon : UBTech a annoncé avoir déployé « des dizaines » de robots capables de travailler ensemble sur des tâches complexes — un progrès présenté comme une première mondiale.

Les robots humanoïdes sont particulièrement intéressants dans certains domaines comme l’industrie automobile. Leur capacité à accomplir des tâches physiquement pénibles et surtout rébarbatives en fait un complément parfait pour les travailleurs humains, qui peuvent alors se concentrer sur les opérations plus stimulantes et délicates.

Mais jusqu’à présent, même les modèles les plus avancés, comme le Figure 01 de l’entreprise éponyme, souffraient d’une lacune significative : leur incapacité à travailler en équipe. Même s’ils sont déjà plutôt doués pour trier des pièces ou déplacer des cartons avec très peu de supervision, ils ne peuvent pas communiquer pour se coordonner et travailler ensemble comme le font les humains. Un facteur qui empêche de les intégrer à des opérations plus complexes qui ne peuvent pas être réalisées par un seul individu.

C’est là qu’intervient, UBTech, une entreprise basée à Shenzhen — la Mecque chinoise de l’électronique et des nouvelles technologies. Elle a développé un système appelé BrainNet, un modèle IA multimodal conçu pour piloter non pas un robot isolé, mais tout un groupe d’androïdes.

Une intelligence artificielle de groupe

En pratique, il s’agit d’une interface centralisée basée sur DeepSeek R1, le fameux modèle open source chinois qui a mis l’industrie à feu et à sang l’année dernière. Il agit comme une sorte de « super-cerveau » commun à l’ensemble de la flotte de robots. BrainNet analyse constamment le statut des tâches qui sont attribuées aux androïdes, et affecte chaque membre de ce « hive mind » de manière dynamique. En d’autres termes, l’analyse de chaque situation et la prise de décision ne sont jamais gérées à l’échelle de l’individu, et toujours à l’échelle du groupe.

Pour illustrer ce concept, qui ressemble vaguement à l’architecture sociale d’espèces comme les fourmis ou les abeilles, on peut aussi prendre l’exemple d’un humain en train de taper un texte sur son ordinateur ou son smartphone. Si vos deux mains devaient décider elles-mêmes des touches à presser, elles devraient sans cesse se concerter pour se répartir les différentes lettres. Cela ralentirait considérablement le processus, sans parler des problèmes de coordination que cela engendrerait. Mais puisque les deux sont directement câblées au cerveau qui prend toutes les décisions et attribue les tâches en temps réel, elles peuvent travailler ensemble pour taper un texte cohérent à toute vitesse, même si elles n’ont pas la moindre notion de ce que la voisine est en train de faire.

Mains Clavier
Si chaque main devait “penser” toute seule, taper un texte serait probablement très laborieux. Il en va de même pour les robots. © Ilya Pavlov – Unsplash

C’est la même chose avec les robots ; on peut les considérer comme les différents membres d’un même organisme dont toute l’activité est régie par un système central. D’après l’entreprise, cette approche permet d’augmenter considérablement l’efficacité et la flexibilité de la flotte.

Bientôt un phénomène mondial ?

D’après le South China Morning Post, ce système a récemment été déployé dans une usine chinoise de véhicules électriques. Des dizaines de robots y opèrent désormais à différents postes clés, de l’assemblage au contrôle qualité en passant par les tests des instruments.

Ce concept va sans doute faire des émules un peu partout dans le monde. Les candidats les plus prometteurs à ce niveau sont des engins comme ceux de Figure, qui se sont  trouvés un poste dans une usine américaine de BMW l’année dernière. A terme, il y a fort à parier qu’ils bénéficieront également d’un système centralisé comme BrainNet.

On peut aussi citer Optimus, le robot humanoïde de Tesla. Après plusieurs années de développement, il semble désormais suffisamment mature pour être exploité en conditions réelles. C’est en tout cas ce que suggèrent les propos d’Elon Musk ; en janvier, il a annoncé que son entreprise prévoyait de déployer 10 000 robots Optimus dans les usines de la firme. Reste à voir si cet objectif sera atteint.

Mais quoi qu’il en soit, la conclusion semble claire : ce n’est probablement qu’une question de temps avant que des robots humanoïdes ne débarquent en masse dans les usines, et il sera fascinant de suivre les retombées de ce grand changement de paradigme.

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