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Dark Souls : un joueur entre dans la légende avec un God Run absolument inhumain

Après quasiment deux ans d’efforts, dinossindgeil est devenu le premier joueur à terminer successivement les 7 “souls-like” principaux de FromSoftware les uns après les autres sans se faire toucher, le tout au niveau 1. Un exploit XXL qui a demandé une abnégation impressionnante, même pour ceux qui ne se soucient gère des jeux vidéo.

Pour la plupart des joueurs lambda, le simple fait de terminer un jeu estampillé FromSoftware est déjà un petit accomplissement en soi. Entre les mécaniques très punitives qui définissent la trilogie Dark Souls, la complexité d’Elden Ring, l’agressivité des ennemis de Bloodborne qui met les réflexes à rude épreuve ou le système de parade de Sekiro qui demande une précision métronomique, ceux qui apprécient qu’un jeu vidéo leur résiste ont tendance à être servis.

Mais comme toujours, certains joueurs particulièrement doués ont acquis une maîtrise impressionnante du catalogue du studio japonais. Pour eux, terminer ces jeux réputés pour être particulièrement exigeants n’est qu’une formalité ; leur objectif, c’est plutôt d’y parvenir en s’imposant des contraintes arbitraires afin de corser l’expérience encore davantage.

Le God Run, un challenge de premier ordre

Le plus connu d’entre eux est sans doute The Happy Hob, un joueur extrêmement talentueux qui est passé à la postérité en devenant la première personne à terminer l’impitoyable Dark Souls sans se faire toucher une seule fois — un challenge XXL aujourd’hui connu sous le nom de no-hit run. Il a encore repoussé le concept plus loin quelques années plus tard en faisant de même avec l’ensemble de la trilogie Dark Souls, puis encore une fois en ajoutant Bloodborne à la liste. Un parcours extrêmement difficile qui nécessite un mélange de patience, de talent et de persévérance rare, d’où le fait qu’il ait hérité du surnom de « God Run ».

Happy Hob est ainsi devenu l’instigateur d’une grande compétition officieuse, où les meilleurs joueurs du monde tentaient chacun de leur côté d’imiter ses exploits vidéoludiques. Au fil du temps, la communauté s’est tellement investie qu’aujourd’hui, les no-hit runs font presque partie de la routine. Ces as de la manette ont donc été forcés d’imaginer des défis encore plus absurdes pour assouvir leur soif de difficulté.

C’est ainsi qu’est née la dernière itération du God Run, sobrement baptisée God Run 3. L’objectif : terminer Demon Souls, les trois Dark Souls, Bloodborne, Sekiro et Elden Ring les uns après les autres sans subir la moindre égratignure sur l’ensemble des 7 jeux. Inutile de préciser qu’il s’agit d’un défi absolument extraordinaire, sachant qu’il faut enchaîner plus de 10 heures de gameplay extrêmement exigeant sans la moindre erreur d’exécution ou d’inattention.

Impossible ? Probablement pour vous et moi — mais pas pour BushidoYu, dinossindgeil, The Happy Hob (encore lui) ou encore GinoMachino, qui ont tous réussi à gravir cet Everest vidéoludique après de longues semaines d’autoflagellation numérique.

Toujours plus haut, toujours plus fort

Forcément, ces exploits ont tous été applaudis des deux mains par les fans du genre. Mais de nombreux joueurs commençaient aussi à se demander si la communauté ne venait pas de franchir le dernier palier humainement imaginable. Après tout, quel genre de défi pourrait bien surpasser l’épreuve inhumaine que représente le God Run 3 avant la sortie d’un nouveau jeu ? Impossible de placer la barre encore plus haut, n’est-ce pas… ?

Mais c’était sans compter l’opiniâtreté légendaire de cette communauté de forcenés, qui n’a pas tardé à se trouver un nouvel objectif encore plus délirant : bienvenue dans l’ère du God Run 3 SL1.

Voyez-vous, tous les jeux cités plus haut comportent un point commun : ils sont  structurés autour d’un système de progression à base de niveaux. Cela permet au personnage de monter en puissance au fil de l’aventure pour qu’il puisse tenir tête à des ennemis de plus en plus redoutables. Faire l’impasse sur ce système augmente donc la difficulté de l’aventure de façon exponentielle.

Une perspective ô combien intimidante pour le commun des mortels, mais particulièrement alléchante pour Happy Hob et ses successeurs. Ils se sont donc mis en tête de répliquer le God Run 3… sans jamais dépasser le tout premier niveau (ou SL1), où l’avatar du joueur est particulièrement vulnérable et privé de la plupart des objets les plus puissants.

Mais cette fois, la communauté s’est heurtée à un mur. Même ces joueurs d’élite ont vite réalisé que ce défi absolument inhumain serait probablement hors de leur portée malgré leur immense talent ; les uns après les autres, ils ont (presque) tous abandonné cet équivalent numérique de la quête du Graal.

dinossindgeil à la conquête de l’Everest

Il en fallait plus pour décourager dinossindgeil, le deuxième joueur à avoir complété le légendaire God Run 3. En 2023, il a commencé à enchaîner les tentatives régulièrement sur sa chaîne Twitch — mais le succès l’a malheureusement fui comme une antilope devant un lion affamé. Semaine après semaine, mois après mois, il a multiplié les runs prometteurs qui se sont parfois terminés de manière déchirante après une erreur bête, due à l’accumulation de la charge mentale.

Personne ne lui en aurait voulu de renoncer et de passer à autre chose. Mais il a décidé de persévérer envers et contre tout, parfois au prix de sa propre santé psychologique, dans cette aventure qui commençait à ressembler davantage à un long chemin de croix qu’à un loisir.

Fort heureusement, le calvaire auto-infligé de dinossindgeil a enfin pris fin. Presque deux ans et des centaines de cruelles désillusions plus tard, il est enfin parvenu à boucler son magnum opus : Sekiro, Dark Souls II, Demon Souls, Dark Souls, Elden Ring, Bloodborne et Dark Souls 3 terminés successivement dans cet ordre, au niveau 1, sans se faire toucher ne serait-ce qu’une seule fois. Un tour de force XXL que certains internautes ont immédiatement qualifié de « plus grand exploit de l’histoire des jeux vidéo », comme en témoigne sa réaction émue après avoir vaincu son tout dernier boss.

La persévérance incarnée

Pour certains observateurs, ce genre de défi pourrait sembler complètement futile, voire symptomatique d’une obsession à la frontière du trouble psychologique. Après tout, pourquoi consacrer plusieurs années de sa vie à faire en sorte que des pixels s’alignent sur l’écran d’une manière bien spécifique ?

Il s’agit toutefois d’une conception assez réductrice de cette aventure. Plus qu’une histoire de jeux vidéo, l’épopée de dinossindgeil est avant tout un formidable exemple de persévérance extrême — le genre d’abnégation inébranlable dont peu d’individus sont capables, quelle que soit la discipline. Que vous aimiez les jeux vidéos ou pas, nous ne pouvons donc que vous encourager à poursuivre votre propre version du God Run 3, que ce soit au travail, dans une discipline sportive ou artistique, ou quoi que ce soit d’autre ; quels que soient vos objectifs dans la vie, vous en ressortirez probablement grandi(e) !

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