“On voit tout le film”. En 2025, rares sont les bandes-annonces qui ne révèlent rien des éléments essentiels de l’intrigue. Captain America : Brave New World n’échappe pas à la règle. Depuis le Comic-Con de San Diego cet été, la Maison des Idées a officialisé l’arrivée d’un nouveau monstre au sein de son écurie. Harrison Ford est bien Red Hulk, chose qui n’avait de toute manière pas échappé aux lecteurs de comics qui attendaient cet arc narratif de pied ferme. Mais pour le commun des mortels, l’officialisation de ce changement a de quoi gâcher la surprise. C’est encore plus dommageable lorsque le film tente d’insuffler du suspense au travers de ce retournement de situation.
*** Attention spoilers sur Captain America : Brave New World ***
Quand le marketing prend le pas sur le suspense
Qu’est-ce qui fait une bonne campagne promotionnelle ? Des images et un synopsis énigmatique ou un menu que les spectateurs peuvent consulter avant de se rendre dans les salles obscures. L’équipe marketing de Captain America : Brave New World semble avoir tranché en montrant dès les premières bandes-annonces la trogne écarlate d’Harrison Ford. Il y a sept mois, Red Hulk apparaissait dans les dernières secondes du teaser pour faire naître une certaine impatience chez les spectateurs. Pour Marvel, ce geste ressemble à un appel du pied aux spectateurs lassés par les productions récentes. L’on pouvait tout de même s’attendre à ce que le cœur de la narration se trouve ailleurs, que la transformation de Ross ne soit pas l’apothéose de ce thriller. Manque de pot… Le film construit son dernier acte sur les effets des pilules ayant sauvé la vie de Thaddeus Ross.
Sauf que… le public le sait déjà. À dire vrai, rien n’est jamais surprenant dans ce film qui avait pourtant l’ambition de décrocher quelques mâchoires, comme The Winter Soldier en son temps. Si la construction narrative, et les nombreux éléments passés immortalisés simplement au travers de répliques utilitaristes, sont en cause, force est de constater qu’avec une promotion plus avare en détails, on aurait sans doute pu se prendre au jeu. Et justement, Captain America 2 avait fait le choix éclairé de garder son principal retournement de situation tout à fait secret. Le moment où nos héros comprennent que le S.H.I.E.L.D est corrompu, qu’Hydra s’est infiltrée aux plus hautes sphères de l’organisation (depuis ses débuts), marquera un retournement de situation majeur pour la licence et que seuls les aficionados du MCU avaient pu anticiper.
On peut noter que Captain America : Brave New World est pas la seule victime de cet empressement à partager des informations cruciales de l’intrigue. Cet été, alors même que le film n’était pas sorti dans les salles obscures, Marvel invitait Dafne Keen, Jennifer Garner et même Chris Evans sur scène pour évoquer leur apparition lors du Comic-Con de San Diego. Les premières projections venaient d’avoir lieu aux États-Unis.
Un casting qui ne laisse pas de place au doute
Et cette tendance à la surexplication du projet et ces enjeux ne s’arrête pas là, Marvel a aussi annoncé le retour de Tim Blake Nelson. S’il n’apparaît pas sur les images promotionnelles, autrement que de dos avec un chapeau et dans l’obscurité, les spectateurs du Hulk de 2008 n’auront sans doute eu aucun mal à faire le rapprochement. Dès lors, l’introduction de la Serpent Society n’apparaît qu’un accessoire pour retarder l’inévitable, la révélation du plan machiavélique de Leader pour se venger de Ross. Avant même d’avoir pu poser les yeux sur ce nouveau film, les spectateurs ayant épluché la campagne promotionnelle connaissent déjà la fin et n’auront eu aucun mal à imaginer les événements conduisant à cette dernière scène.
Et si… Marvel était juste devenu trop prévisible ? 35 films, c’est beaucoup. Jamais aucune licence de superhéros n’était parvenue à atteindre un tel nombre de propositions cinématographiques, sans compter que le voyage se poursuit désormais sur le petit écran. Si Kevin Feige semble avoir plein d’idées dans ses tiroirs, force est de constater que Captain America : Brave New World convoque bien des idées issues d’autres productions de ses précédentes phases. C’est particulièrement vrai concernant The Winter Soldier. Comme le film des frères Russo, celui de Julius Onah repose sur la manipulation mentale, un antagoniste qui œuvre dans l’ombre et même une dynamique Captain / Falcon. Il y a même une Black Widow. Ne manque plus qu’un Nick Fury sur son lit de mort pour parfaire le tableau.
On peut espérer que peu de temps avant l’arrivée des Quatre Fantastiques au sein de la franchise, Marvel cultive le mystère sur les retournements de situation et les apparitions des personnages de la mythologie. On serait tenté de dire que les premières images partagées il y a quelques semaines suffiraient à nous convaincre.
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