Emmanuel Macron et Mohammed ben Zayed Al Nahyane, le président des Emirats arabes unis, ont signé un accord pour financer un gigantesque centre de données en France. Un projet estimé entre 30 et 50 milliards d’euros, qui s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner la France comme un acteur incontournable de l’IA en Europe.
La souveraineté IA face aux États-Unis et la Chine
L’annonce ne se limite pas à un seul site XXL financé par les Emirats. En parallèle, la ministre du Numérique et de l’IA, Clara Chappaz, a confirmé que le gouvernement a identifié 35 emplacements à travers le pays pour accueillir de nouveaux centres de données. L’objectif est d’accélérer leur implantation en accélérant les démarches administratives.
Ces data centers seront essentiels pour soutenir les besoins croissants en puissance de calcul liés à l’IA. Aujourd’hui, la plupart des startups européennes de l’IA dépendent encore des infrastructures cloud américaines, comme celles de Microsoft, Google ou AWS (Amazon Web Services). La France veut réduire cette dépendance en développant ses propres capacités.
Avec ce vaste projet, la France mise sur sa production d’électricité majoritairement bas carbone, grâce à son parc nucléaire et à ses énergies renouvelables. C’est un argument de poids face aux critiques sur l’impact écologique des centres de données, qui sont de gros consommateurs d’énergie.
Outre l’accord avec les Emirats, d’autres investisseurs sont sur les rangs. La firme américaine Brookfield a déjà annoncé une enveloppe de 20 milliards d’euros, dont 15 milliards spécialement consacrés aux centres de données. La startup française Mistral AI prévoit aussi de créer sa propre infrastructure, tout comme l’entreprise suédoise Evroc.
Mais ce vaste programme pose aussi des questions sur la souveraineté numérique française. Certains experts s’inquiètent de voir des investisseurs étrangers prendre trop de place dans ces infrastructures stratégiques. « Il faut s’assurer que ces centres restent sous contrôle français et européen, car l’accès aux capacités de calcul sera déterminant pour notre autonomie en IA », explique au site Sifted Yann Lechelle, fondateur de Probabl, une entreprise spécialisée dans le machine learning open source.
Le sommet a été marqué par une divergence notable entre les grandes puissances sur la régulation de l’IA. Alors que 60 pays, dont la France, la Chine et l’Inde, ont signé une déclaration commune sur une approche « ouverte, inclusive et éthique » du développement de l’IA, le Royaume-Uni et les États-Unis ont refusé d’y apposer leur signature. Londres a mis en avant des inquiétudes liées à la sécurité nationale et au manque de clarté sur la gouvernance mondiale.
Le vice-président américain J.D. Vance a quant à lui justifié cette position en insistant sur la nécessité de ne pas freiner l’innovation. « Trop de réglementation pourrait tuer une industrie en pleine ascension », a-t-il déclaré, affirmant que l’administration Trump misait avant tout sur des politiques favorisant la croissance de l’IA.
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