xAI, l’entreprise d’Elon Musk spécialisée dans l’intelligence artificielle, s’apprête à publier la troisième version de son grand modèle de langage Grok. Le milliardaire cité, par Reuters, affirme que ce dernier va franchir un palier important avec cette nouvelle itération ; apparemment, il dispose désormais de capacités de « raisonnement » supérieures à celles des meilleurs modèles du moment.
« Grok 3 est extrêmement puissant en termes de capacités de raisonnement. Dans les tests que nous avons effectués jusqu’à présent, Grok 3 surpasse tout ce qui a été publié, à notre connaissance, c’est donc un bon signe », a-t-il déclaré lors d’une allocution au Sommet mondial des gouvernements à Dubaï.
Pour l’instant, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre Musk au mot. Il faudra évidemment attendre de pouvoir le comparer directement avec les leaders du marché pour se prononcer sur les capacités du modèle multimodal. Jusqu’à présent, il s’est surtout illustré à travers deux points distinctifs : sa « personnalité » irrévérencieuse et politiquement incorrecte, diamétralement opposée à celle des autres chatbots IA grand public, et sa capacité à accéder en temps réel à tous les posts de Twitter/X pour discuter de sujets d’actualité.
En termes de performances brutes, par contre, la version actuelle accuse tout de même un retard assez significatif sur les meilleurs produits du marché, comme ceux d’OpenAI ou Mistral. D’un point de vue purement technique, il sera donc intéressant de voir si Grok 3 est effectivement capable de surpasser ces derniers.
Grok en première ligne dans l’offensive contre OpenAI ?
Cette annonce intervient dans un contexte assez particulier où le PDG de Tesla et SpaceX est en train de multiplier les offensives contre OpenAI. Pour rappel, il faisait partie du premier groupe de co-fondateurs et d’investisseurs. En 2015, il a été séduit par le projet d’Altman et Brockman, qui comptaient monter une organisation à but non lucratif centrée sur le développement d’une IA « librement accessible » dont toute l’humanité pourrait bénéficier sans restriction. Il a donc investi plusieurs dizaines de millions de dollars dans la startup, dont il est resté le principal contributeur pendant plusieurs années.
Il a finalement quitté l’organisation trois ans plus tard, citant des dissensions philosophiques et stratégiques de plus en plus importantes avec ses partenaires. Au cœur de ces frictions : le changement de trajectoire d’OpenAI, dont la dimension quasi philanthropique est largement passée au second plan pour laisser la place à un modèle fermé — notamment avec l’arrivée de Microsoft qui a investi plusieurs milliards pour bénéficier de sa technologie. Musk a vécu cette volte-face comme une vraie trahison, à tel point qu’il a décidé d’engager une action en justice contre son ancienne écurie.
Mais depuis quelques semaines, le « nouvel » Elon Musk, fortement impliqué dans l’administration de Donald Trump, revient régulièrement à la charge de manière encore plus agressive. Il a notamment assemblé un groupe d’investisseurs qui a offert près de 100 milliards de dollars pour racheter la branche à but non lucratif d’OpenAI.
Dans ce contexte, cette manière de brandir Grok 3 comme un « tueur de ChatGPT » (même s’il n’a pas explicitement mentionné OpenAI dans son allocution) n’est pas anodine. Il n’est pas exclu qu’il s’en serve comme d’un levier dans son offensive contre la firme de Sam Altman, dont le statut a déjà été fragilisé par l’émergence du modèle open source chinois DeepSeek en début d’année.
Il conviendra donc de garder un œil sur ce bras de fer qui pourrait avoir un impact significatif sur l’industrie américaine de l’IA à court et moyen terme.
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