Ce n’est pas la première fois que la question se pose, mais cette fois, la grogne semble plus forte. Les critiques portent sur plusieurs points : l’absence de nouveaux modèles (en dehors du Cybertruck) depuis cinq ans, la stagnation des livraisons pendant que la concurrence progresse, et surtout, un Elon Musk de moins en moins impliqué. Entre ses autres entreprises (SpaceX, Neuralink, xAI, X), son obsession pour les réseaux sociaux et son travail au sein de l’administration Trump, l’homme semble avoir la tête ailleurs.
La fronde des actionnaires prend de l’ampleur
Les discussions sur Reddit vont même jusqu’à retourner contre Elon Musk ses propres exigences : il répète que les employés doivent être présents sur site et totalement dévoués, or lui dirige Tesla à distance et semble plus concentré sur X que sur les résultats de son entreprise automobile.
Les griefs à l’encontre de Musk ne datent pas d’hier : déclarations douteuses, licenciements massifs (comme celui de l’équipe Superchargeurs), financements de politiciens peu favorables aux véhicules électriques, salut nazi… Tout cela aurait coûté leur place à bien des dirigeants ailleurs. Mais chez Tesla, la gouvernance est un problème récurrent : le conseil d’administration est composé d’alliés fidèles à Musk, rendant toute remise en cause difficile.
Lors de la dernière assemblée générale en juin 2024, les actionnaires ont massivement suivi les recommandations du conseil, c’est-à-dire de Musk lui-même. Autrement dit, le PDG est toujours solidement installé.
Et même si certains actionnaires se posent des questions, un obstacle majeur freine toute velléité de changement : le cours de l’action. Pour beaucoup, tant que l’action Tesla reste en bonne santé, pourquoi prendre le risque de renverser Musk ? Le pire cauchemar des investisseurs serait qu’il parte en vendant ses parts massivement, provoquant une chute brutale du titre.
Mais si l’on y regarde de plus près, la situation financière de Tesla est moins rose qu’il n’y paraît. Le ratio cours/bénéfice de l’entreprise frôle des sommets absurdes, ce qui signifie que l’action est surévaluée par rapport à ses résultats réels. Et avec des marges qui s’effritent et une croissance des ventes en berne, la patience des actionnaires pourrait finir par s’épuiser.
Au-delà des polémiques, Elon Musk devient-il un poids pour Tesla ? Sa popularité pour le moins controversée nuit à l’image de la marque et à ses ventes, comme c’est très clair en Europe depuis le début de l’année. Certains clients répugnent à acheter une Tesla simplement à cause du boss et de ses frasques. De plus, il a multiplié les promesses non tenues, notamment sur la conduite autonome, où le constructeur risque aujourd’hui de lourdes conséquences légales.
L’éviction d’Elon Musk pourrait-elle être une bonne chose ? En théorie, un PDG à temps plein, moins polarisant et plus concentré sur Tesla, pourrait réaligner l’entreprise sur sa mission initiale. Mais en pratique, la dépendance à Musk est telle que son départ provoquerait probablement un choc violent, au moins à court terme.
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