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Le chef de l’agence spatiale russe renvoyé après un mandat mitigé

Même s’il a posé quelques bases intéressantes pour le futur de l’aérospatiale russe, la légitimité de Iouri Borisov a été minée par l’échec de la mission Luna 25, qui devait marquer le grand retour de la Russie sur le devant de la scène.

Un petit tour et puis s’en va. Le Kremlin a annoncé ce jeudi 6 février le renvoi de Iouri Borisov, chef de l’agence spatiale russe Roscosmos, après un court mandat d’à peine deux ans et demi. Il cède sa place à Dmitry Bakanov, un ancien ministre adjoint des transports qui a aussi dirigé une entreprise spécialisée dans les satellites.

Le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov a affirmé que l’entourage de Vladimir Poutine n’avait rien de particulier à reprocher à cet ancien militaire au cursus d’ingénieur ; il s’agit apparemment d’un remplacement prévu d’avance, et sans lien avec les performances de l’apparatchik. « La corporation doit se développer de manière dynamique, c’est pourquoi il y a de la rotation », cite Reuters.

Un mandat marqué par l’échec de Luna 25

Malgré cette indulgence de façade, il est de notoriété publique que le Kremlin n’était pas particulièrement satisfait de Borisov. Son mandat a notamment été marqué par l’échec cuisant de la mission Luna 25, en août 2023. Pour rappel, l’objectif de cette dernière était de poser un vaisseau non habité à la surface de la Lune.

Les enjeux étaient considérables ; la Russie souhaitait prouver au monde entier qu’elle méritait encore sa place de cador de l’aérospatiale, une discipline qu’elle a longtemps dominée de la tête et des épaules avant de voir son leadership s’effriter à vue d’œil après la chute de l’Union soviétique. Malheureusement, Roscosmos a raté son rendez-vous avec l’Histoire. Le vaisseau s’est écrasé avec fracas dans le désert lunaire sous le regard de la planète entière. Une humiliation qui n’a probablement pas joué en la faveur de l’ex-dirigeant.

Malgré cet échec, Borissov n’a tout de même pas chômé à la tête de l’agence. Il a quand même réussi à laisser une trace concrète — et pas en vociférant constamment des absurdités sur Telegram comme son prédécesseur, le sulfureux Dmitry Rogozine.

Il a notamment posé les premières bases concrètes d’une stratégie qui devrait permettre à la Russie de déployer sa propre station spatiale autonome après la retraite de l’ISS, dont Roscosmos reste un acteur important aux côtés des Américains, des Japonais et des Européens. Un “succès” pas anodin dans le contexte actuel. Pour rappel, cette institution est notoirement minée par de gros problèmes de corruption qui ont considérablement ralenti ses progrès technologiques. Elle est aussi très isolée depuis le début de la guerre en Ukraine ; on se souvient par exemple de son éviction spectaculaire du programme ExoMars, en juillet 2022.

L’ancien PDG de Gonets prend le relais

Désormais, c’est un troisième Dmitry consécutif qui va prendre les rênes de l’agence. Malgré son jeune âge (il est presque 30 ans plus jeune que son prédécesseur), il dispose déjà d’une expérience considérable, à la fois au sein de l’appareil d’état russe et dans le domaine de l’aérospatiale. Après un mandat en tant que ministre adjoint des Transports, il a notamment passé 8 ans à la tête de Gonets, une entreprise spécialisée dans les satellites de communication commerciaux.

Il sera intéressant de voir si ce quasi quadragénaire fera lui aussi les frais de la « rotation » mentionnée par Peskov d’ici quelques années, ou s’il parviendra à s’imposer sur le long terme.

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Source : Reuters

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