Avant de changer de mobile ou fournisseur d’accès à Internet, on a tendance à regarder les comparatifs et les classements. Ils permettent d’avoir une idée de la qualité de service, de la couverture mobile ou encore des performances du réseau en fonction de sa région, ce qui aide à faire le meilleur choix. « Classé meilleur réseau mobile en France », « Opérateur n°1 du wifi » sont des arguments largement mis en avant par les opérateurs et FAI sur leur site ou dans leur communication pour faire pencher la balance en leur faveur.
Un classement qui plaît aux opérateurs
Ces discours s’appuient sur des baromètres et enquêtes réalisés par nPerf ou encore l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. L’Arcep publie chaque année son enquête, très attendue, sur la qualité des services mobiles dans laquelle Orange a pris l’habitude de briller. L’opérateur historique rappelait l’an dernier que son réseau avait été classé « meilleur réseau mobile en France pour la 13ème fois consécutive ».
Riche en enseignements, l’enquête révélait aussi que « Orange et Bouygues Telecom se démarquent en offrant des performances équivalentes » en zone dense en 2023. Et pour l’année 2024 ? Et bien, on ne sait toujours pas si Orange continue sur sa lancée ou si Bouygues Telecom, SFR ou Free bouscule le classement. Alors que les Jeux olympiques ont rythmé l’année des principaux opérateurs français, l’enquête 2024 se fait attendre et l’Arcep ne dit pas grand-chose à son sujet. « Pour l’enquête 2024, des analyses complémentaires s’avèrent nécessaires afin de s’assurer que les résultats des mesures soient représentatifs de l’expérience utilisateur. Par conséquent, cette publication fait l’objet d’un report, dans un délai qui dépendra de l’avancement des analyses en cours », pouvait-on lire sur le site de l’Autorité le 4 décembre dernier. Depuis, le gendarme des télécoms n’a rien communiqué et le site l’Informé nous apprend aujourd’hui la raison de ce retard.
Un opérateur a-t-il triché ? Une enquête est ouverte
Des soupçons de triche pèsent sur l’enquête et la situation est tellement grave qu’elle justifie l’ouverture d’une enquête administrative. À l’origine de ces révélations, le journaliste Marc Rees évoque sur le réseau social X la présence de « « quelques » données atypiques » dans l’enquête. Les écarts de performance sont logiques entre les opérateurs, s’expliquent notamment par les stratégies d’investissement et de déploiement de chacun. À titre d’exemple, l’observatoire du déploiement 5G de décembre 2024 de l’Arcep montre que Free dispose toujours du plus grand nombre d’antennes déployées dans l’Hexagone. L’opérateur de Xavier Niel dispose d’une avance conséquente avec 19 945 sites 5G, contre 12 968 sites 5G pour son plus proche poursuivant (SFR).
Tout va bien dans le monde de la téléphonie mobile.
Il y a juste “quelques” données atypiques (“chef, pourquoi le terminal downloade à 3x la vitesse de la lumière en zone très dense ?”) https://t.co/tjlAilm3te— marc rees (@reesmarc) February 4, 2025
Cette avance s’explique par la volonté de Free de concentrer son déploiement dans la bande des 700 MHz. À l’inverse, Free Mobile est un peu à la traîne dans le déploiement sur la bande des 3,5 GHz avec 7 0005 antennes. L’opérateur est quatrième, loin d’Orange qui est le dernier en termes de sites 5G et premier en nombre de sites en 3,5 GHz (10 532). Des disparités connues qui ne suffiraient pas à expliquer les écarts relevés par l’Arcep, qui veut désormais faire toute la lumière sur ce problème. Rien ne semble exclu à ce stade de l’enquête, du simple bug technique jusqu’à l’action malhonnête d’un opérateur ou d’un fournisseur d’équipement.

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